Neev un humoriste très prometteur

Neev Bensimhon a incontestablement l’étoffe d’un humoriste prometteur. Ce Sépharade sémillant de 25 ans, qui se définit comme un “Juif Montréalais pur coton à 100%”, nous l’a bien prouvé avec son sketch hilarant et très perspicace sur les accommodements raisonnables au Québec, qu’il a présenté en première partie du spectacle que le très populaire humoriste Gad Elmaleh a donné au Théâtre Saint-Denis dans le cadre du dernier Festival Sépharade de Montréal.

Neev Bensimhon a incontestablement l’étoffe d’un humoriste prometteur. Ce Sépharade sémillant de 25 ans, qui se définit comme un “Juif Montréalais pur coton à 100%”, nous l’a bien prouvé avec son sketch hilarant et très perspicace sur les accommodements raisonnables au Québec, qu’il a présenté en première partie du spectacle que le très populaire humoriste Gad Elmaleh a donné au Théâtre Saint-Denis dans le cadre du dernier Festival Sépharade de Montréal.

La superbe performance scénique de Neev a fortement captivé et fait rire aux larmes les quelque 3000 personnes présentes ce soir-là au Théâtre Saint-Denis.

Campant avec brio un aéropage de personnages excentriques à la verve très colorée -Neev imitait leurs accents très pointus -québécois pure laine, haïtien, noir africain,  juif marocain, musulman marocain…- avec une aisance époustouflante-, cet humoriste très talentueux, qui performait ce soir-là pour la première fois sur une grande scène et devant un aussi large public, aborda frontalement et avec truculence l’épineuse question du malaise identitaire des Québécois.

“J’ai écrit ce sketch sur les accommodements raisonnables québécois en m’inspirant d’une expérience réelle que j’ai vécue quand j’ai travaillé comme vendeur de téléphones cellulaires dans un kiosque localisé dans un  grand centre d’achat montréalais. Évidemment, j’ai fortement caricaturé les personnages de ce sketch. Mais, j’ai dépeint fidèlement, en grossissant le trait, le malaise que ces Québécois de diverses origines ethniques éprouvent par rapport au débat houleux sur les pratiques d’accommodements raisonnables. C’est un thème d’une actualité brûlante qui interpelle fortement tous les Québécois, peu importe leurs origines culturelles ou religieuses”, explique Neev en entrevue.

Le plus célèbre humoriste de France et de la Francophonie, Gad Elmaleh nous a confié ses impressions sur les débuts artistiques de ce jeune humoriste sépharade.

“Lorsque Neev a fait son entrée sur la scène du Théâtre Saint-Denis, il s’est présenté au public avec une belle prestance. Dès les premiers éclats de rire dans l’assistance, je me suis dit: voici un vrai humoriste. Neev a beaucoup de choses à dire sur scène. Dès qu’il apparaît, on a envie de l’aimer. Il propage de la tendresse et a une observation aiguë des réalités de la vie. Sa grande qualité artististique est sa capacité à entrer immédiatement en contact avec le public. Je lui souhaite le succès qu’il mérite. Je garderai toujours un oeil sur lui. Je veux lui donner un conseil très amical: “Neev, tout ça est superbe, mais c’est un minimum pour faire ce métier. Allez mon ami, maintenant mets-toi au boulot! C’est le plus important!”

Bien qu’il ait “toujours fait le clown”, admet-il en s’esclaffant, rien ne prédisposait Neev à faire un jour de l’humour sur scène. Son grand dada a toujours été la musique, un créneau artistique où il excelle depuis son adolescence. Musicien -il est un guitariste chevronné-, auteur-compositeur et chanteur de mélopées rock empreintes de mélodies orientales, Neev est un habitué des scènes musicales. Il participe chaque année à plusieurs Festivals de musique: le Festival Nuits d’Afrique, le Festival de Beloeil… Cet automne il a aussi participé au Concert musical Roots, organisé par la Quinzaine Sépharade de Montréal.

Se retrouver subitement sur la spacieuse scène du Théâtre Saint-Denis pour dévoiler ses talents d’humoriste et d’imitateur, ça a été “une expérience inédite et électrifiante”. À son grand étonnement, il n’avait pas un grand trac ce soir-là.

“Très bizarrement, je n’étais pas nerveux car je n’avais aucune attente. J’avais juste peur que le public n’embarque pas, que mon humour ne le fasse pas rire. Je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre. Jusque-là, la seule expérience artistique que j’avais vécue intensément et live était celle d’une scène musicale. Tu as ta guitare, ton band et tu te sens protégé. Le public n’applaudit, ou n’applaudit pas parfois, qu’à la fin de la chanson. Quand tu fais de l’humour sur scène, tu est à poil devant le public! Il n’y a que toi, le micro et une scène de quelque 200 mètres carrés. Quand le public rit, c’est comme un éclair foudroyant qui percute ton âme et tout ton corps. Tu ressens rarement une telle sensation quand tu fais de la musique. Par contre, un humoriste sur scène ressent chaque dix secondes cette sensation indescriptible”, raconte Neev.

Étudiant en philosophie à l’Université du Québec à Montréal (U.Q.A.M..), Neev a pris une “session d’étude off”. Il est actuellement assistant d’Éric Choucroun, directeur du Département “Jeunesse” de la Communauté sépharade unifiée du Québec (C.S.U.Q.).

Il est très fier de ses parents, Jacques et Ruth Bensimhon, qui l’ont toujours encouragé à mener à terme ses projets artistitiques, notamment dans le domaine musical.

“Mes parents sont deux êtres exceptionnels. Ils m’ont toujours dit: “Fais ce que tu veux, mais fais le bien!””

Il regrette que la Communauté sépharade soit toujours “très conventionnelle” avec ses jeunes, surtout quand ces derniers doivent faire un choix de carrière professionnelle.

“Quand je dis à des adultes Sépharades que j’étudie la philosophie et les sciences humaines à l’université, ils me rétorquent sans la moindre gêne: “Tu es cinglé! Tu dois être pété de la tête! À quoi va te servir dans la vie une discipline aussi merdique!” Je leur réponds, avec une pointe d’ironie, que je suis sûr que quelqu’un qui fait des études en science ou en ingénierie ne peut pas écrire ou analyser un texte de philo ou de sociologie! Il est temps de réaliser que “lucratif” n’est pas synonyme de “bonheur”! J’ai des amis qui sont Comptables Agréés (C.A.) ou avocats qui quand ils rentrent le soir du travail ont envie de se pendre! Moi, je me considère, sans être prétentieux, comme un esprit libre. Je n’aime pas qu’on m’impose quelque chose parce que c’est conventionnel. Si je ne veux pas faire quelque chose, pourquoi le faire? C’est vrai que ni la philo ni la musique ne sont des disciplines conventionnelles. Mais, c’est ce qui m’allume dans ma vie! Je me dis que travailler de 9 à 5, je pourrais le faire toute ma vie. Beaucoup de jeunes Sépharades sont très étouffés par des règles et des conventions absurdes en vigueur dans notre Communauté.”

Neev se désole que les écoles sépharades n’encouragent pas la création théâtrale et artistique.

“Il n’y a pas des cours de théâtre ni de création artistique ou musicale dans les écoles sépharades. C’est une lacune immense. Il n’y a aucune place pour le théâtre, l’art, la musique ou la création artistique dans ces écoles. Les jeunes Sépharades férus de théâtre, de création artistitique ou musicale sont considérés comme des marginaux, ou sont marginalisés. C’est déplorable! Tout le discours dans notre Communauté est basé sur l’argent et la réussite professionnelle. Ce qui explique l’absence flagrante de disciplines artistiques dans nos écoles. Dans les curriculums académiques des écoles sépharades, il n’y a de la place que pour les mathématiques, le français, les sciences… et bien sûr l’hébreu!”

In an interview, Montrealer Neev Bensimhon talks about his interest in music and philosophy and his experience as a humourist when he performed during the Festival Sépharade.

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