L’Aumônier juif des prisons du Québec

Depuis le printemps 2007, le Rabbin Jacob Lévy est l’Aumônier juif officiel des prisons du Québec. Il a été nommé à ce poste à la suite d’un rigoureux processus de sélection. Six candidats briguaient ce poste. Le Rabbin Jacob Lévy a succédé dans cette fonction au Rabbin Zuché Silberstein, qui l’a assumée durant une vingtaine d’années.

Depuis le printemps 2007, le Rabbin Jacob Lévy est l’Aumônier juif officiel des prisons du Québec. Il a été nommé à ce poste à la suite d’un rigoureux processus de sélection. Six candidats briguaient ce poste. Le Rabbin Jacob Lévy a succédé dans cette fonction au Rabbin Zuché Silberstein, qui l’a assumée durant une vingtaine d’années.

Le Rabbin Jacob Lévy est le leader spirituel de la Congrégation sépharade Beth Rambam de Côte Saint-Luc.

Quand il résidait en France et ensuite en Suisse, le Rabbin Jacob Lévy a été l’Aumônier juif des prisons de la province Rhônes-Alpes et de Genève, ville dont il a été le Grand Rabbin pendant plusieurs années.

D’après lui, son expérience d’Aumônier dans les établissements carcéraux européens est “un grand atout” qui a été pris en considération par le Comité chargé de la nomination de l’Aumônier juif des établissements carcéraux québécois.

“Ce poste a été pourvu de manière très démocratique. Je crois que ma connaissance générale de l’Aumônerie européenne vient apporter un autre cachet en Amérique du Nord. Quand je vivais en Europe, j’étais très actif dans l’Amitié judéo-chrétienne. J’entretenais des rapports étroits avec des Aumôniers chrétiens, protestants, musulmans, bouddhistes… En Europe, les leaders spirituels des religions participent régulièrement à des colloques et à des débats interconfessionnels. Cette riche expérience interreligieuse me permet d’être plus à l’aise lors de mes échanges avec mes confrères Aumôniers chrétiens. Alors que le Québec est en plein dans l’ère des “Accommodements raisonnables”, mon expérience dans le domaine du dialogue interreligieux et interculturel est certainement un atout pour effectuer mon travail d’Aumônier dans les prisons”, explique en entrevue le Rabbin Jacob Lévy.

Trente-quatre Juifs, dont une femme, sont réclus actuellement dans les douze établissements carcéraux du Québec.

La majorité de ces détenus juifs sont des Ashkénazes anglophones.

“Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les Sépharades sont minoritaires dans les prisons québécoises ”, note-t-il.

Le Rabbin Jacob Lévy visite chaque semaine deux établissements carcéraux, soit huit prisons par mois. Pour des raisons de sécurité ou de localisation géographique, il ne visite pas quatre prisons: trois pénitentiers à très haute sécurité et un pénitentier, Port-Cartier, situé dans une région très éloignée de Montréal.

“Les prisonniers que je ne peux pas visiter, je communique avec eux par téléphone ou par e-mail”.

Il s’assure que tous les détenus mangent casher sans difficulté, aussi bien quotidiennement qu’à l’occasion des grandes fêtes juives.

Il s’assure aussi que les détenus ont à leur disposition tout ce qui est nécessaire pour pratiquer le rituel religieux juif: livres de prière, Téfilim…

“À ce niveau-là, j’ai quelque peu innové. J’ai laissé une paire de Téfilim dans les huits établissements carcéraux que je visite durant le mois. Ça permet aux détenus de ne pas attendre mon arrivée pour mettre les Téfilim.”

Le travail d’Aumônerie accomplit par le Rabbin Jacob Lévy dans les prisons québécoises ne se limite pas à rendre une visite de courtoisie aux détenus juifs, à les encourager et à leur prodiguer quelques paroles de réconfort. Ce leader spirituel a initié dans les établissements carcéraux de la Belle Province un Programme d’études juives.

“Je leur apprends l’hébreu. Une fois qu’ils auront maîtrisé la lecture de l’hébreu, on passera alors à l’étude de la prière et ensuite à l’étude de matières juives. Cette approche me paraît extrêmement constructive car mes interlocuteurs comprennent vite que je ne viens pas leur rendre visite uniquement pour leur apporter un support affectif.”

Le Rabbin Jacob Lévy a des contacts réguliers avec les membres des familles des détenus à qui il rend visite: les parents, les frères, les soeurs, les cousins…

“Certains détenus n’ont pas de très bonnes relations avec leurs proches. Il y a parfois de vives tensions entre eux. Je joue le rôle de “pont” entre les détenus et leurs familles. Je mets aussi en garde les familles de certains détenus de ne pas subir les pressions de ces derniers, eux-mêmes souvent soumis aux menaces d’autres détenus, qui essayent de leur extorquer de l’argent en prison.”

Le Rabbin Jacob Lévy peut “peser sur la balance” quand un détenu demande une permission spéciale à la direction d’une institution carcérale pour aller visiter un parent malade, assister à l’enterrement ou au mariage d’un membre de sa famille…

“Dépendamment du cas, je fais les démarches nécessaires pour qu’on accorde au détenu cette permission spéciale. Celle-ci lui est parfois accordée. Le détenu effectue alors cette sortie sous haute escorte sécuritaire.”

La veille des fêtes juives, le B’nai Brith du Canada et les membres de la Congrégation Beth Rambam envoient, par l’intermédiaire du Rabbin Lévy, des paniers d’aliments casher aux Juifs incarcérés. Ce fut le cas lors des dernières fêtes de Pessah.

“C’est une merveilleuse Mitzvah qui est très appréciée par ces Juifs qui se sentent très seuls et désemparés en cette période très spéciale dans la vie d’un Juif.”

Le Rabbin Jacob Lévy qualifie sa tâche d’Aumônier des prisons d’“expérience lourde”.

“Il ne faut pas être sensible, il faut dépasser ses émotions. Je suis frappé par l’aspect intérieur d’innocence de la plupart des détenus que je rencontre. Ils ressemblent beaucoup plus à Monsieur tout le monde qu’à des criminels de grand chemin. J’ai parfois du mal à imaginer que des jeunes âgés de 17, 18 ou 19 ans ont commis les crimes qui sont inscrits dans leurs fiches judiciaires.  Mon travail consiste à les épauler et les encourager et non à les interroger sur leur passé ou sur les raisons qui les ont poussés à commettre ces forfaits. J’évite de réveiller chez eux des souvenirs douloureux.”

In an interview, Rabbi Jacob Levy talks about his work as the Jewish chaplain for Quebec prisons.

 

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