La Rafle est un film noir et bouleversant qui relate l’un des chapitres les plus funestes de l’Histoire contemporaine de la France.
Le célèbre comédien et humoriste Gad Elmaleh interprète le rôle de Schmuel Weismann dans le film “La Rafle” de Rose Bosch.
Le 16 juillet 1942 à Paris, sous l’occupation allemande, la police française arrêta 13000 Juifs à leur domicile -hommes, femmes et enfants- et les parqua dans le Vélodrome d’Hiver, dans le 15e Arrondissement. Transférés dans divers camps de transit du Loiret, ils seront tous déportés au camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau. 25 personnes seulement reviendront, aucun des quelque 4000 enfants raflés.
Basé sur un scrupuleux travail de documentation, la cinéaste Rose Bosch a reconstitué avec une grande rigueur historique cet épisode macabre de la déportation des Juifs de France -70000 d’entre eux furent exterminés à Auschwitz-Birkenau-, tribut de l’État collaborationniste français à l’entreprise génocidaire nazie. Le célèbre historien et chasseur de nazis Serge Klarsfeld a été le conseiller historique lors du tournage ardu de cette fresque très poignante remémorant le processus de déhumanisation abject des Juifs de France.
Ce film évoque trois moments cardinaux de cet abominable drame: la Rafle proprement dite, filmée dans un Montmartre pimpant; les journées passées dans le Vél’ d’Hiv’, reconstitué pour les besoins du film en Hongrie, au quart de sa vraie taille, mais qui paraît quand même immense; et le séjour dans le camp d’internement de Beaune-la-Rolande, jusqu’au départ des milliers de Juifs reclus dans celui-ci vers les camps de la mort nazis.
On suit dans ce parcours inexorable vers la mort des personnages par les yeux desquels cet événement morbide est vécu. La famille Weismann -Gad Elmaleh interprète avec brio le rôle du chef de cette famille Juive originaire d’Europe de l’Est, Schmuel Weismann, dont le fils, Joseph -qui dans la réalité vit toujours, il est le seul survivant de la Rafle du Vél’ d’Hiv’ de 1942-, parviendra à s’évader du camp de Beaune-la-Rolande. Le Docteur Juif David Sheinbaum -rôle interprété par le renommé acteur français Jean Reno-, qui se dévoue corps et âme, une infirmière non-Juive, Annette Monod -rôle magistralement campé par Mélanie Laurent-, qui restera auprès des enfants jusqu’à leur départ…
Le film commence à la Butte Montmartre, avec ses terrains vagues et ses petits jardins, entre école, square, enseignants sympathiques, blagues et joie de vivre. La famille Weismann et ses trois enfants, dont Joseph, attendent avec confiance la fin de la Guerre, parce que le père est résolument convaincu que “rien ne pourra leur arriver en France, pays de la liberté et des Droits de l’homme.”
Pourtant on a cousu l’étoile jaune sur les vêtements des Juifs. La boulangère affiche lourdement son antisémitisme. La tempête menace…
Pendant ce temps, les autorités françaises négocient avec les occupants nazis le nombre de Juifs à livrer, le sort qui sera réservé aux enfants Israélites… Les Français se veulent maîtres chez eux, ils obéissent avec zèle aux injonctions édictées par les nazis mais prennent l’opération en main. A 4h du matin, le 16 juillet 1942, la Rafle commence, rue par rue, immeuble par immeuble…
La majorité des 13000 Juifs arrêtés se retrouvent dans les gradins du Vél’ d’Hiv’, où la chaleur asphyxiante est insupportable.
Dans cet Amphithéâtre de sinistre mémoire, où les amateurs regardaient les courses cyclistes, les enfants courent, s’amusent, attendent. “C’est quand le pestacle?”, lance le craquant petit Noé, 5 ans, dont le rôle est tenu en alternance par deux jumeaux.
La scène féroce au camp de Beaune-la-Rolande quand la police française sépare les enfants des adultes est insoutenable.
Le célèbre comédien et humoriste Gad Elmaleh nous a livré ses impressions sur sa prestation dans ce film au cours d’une entrevue qu’il nous a accordée ce printemps à l’occasion de la présentation de son dernier spectacle au Centre Bell de Montréal.
“Jouer dans La Rafle, ça a été pour moi une expérience cinématographique importante et très marquante, nous confia-t-il. J’étais très heureux et ému de pouvoir contribuer à ce Devoir de Mémoire qui dans ce film est accompli par la narration d’un chapitre noir de l’Histoire de France. Au-delà de mon implication artistique, j’ai eu l’opportunité de participer à un beau projet humain et social. Pendant le tournage de ce film, qui a duré trois mois, j’ai appris beaucoup de choses que j’ignorais sur la collaboration française avec les nazis, l’hideux camp de Beaune-la-Rolande, où les Juifs furent parqués avant d’être déportés à Auschwitz… J’ai aussi appris des choses belles et positives, comme le grand courage des Justes Français, qui sauvèrent beaucoup d’enfants Juifs pendant la Guerre.”
Jouer le rôle d’un Ashkénaze, alors que Gad Elmaleh est Sépharade, n’était-ce pas un grand défi?
“C’est vrai que quand on m’a proposé de jouer le rôle de Schmuel Weismann, j’ai eu le trac. Mais, j’ai vite réalisé que jouer un Ashkénaze ou un Musulman ou un Slovaque épileptique, ce n’est pas ça qui me faisait peur. C’était davantage le registre du drame qui m’impressionnait. Rose Bosch m’a très bien dirigé. J’ai vite compris sur le plateau de tournage qu’il fallait s’abandonner complètement et avoir une grande confiance en la personne qui vous dirige. En lisant l’effroyable récit de La Rafle, j’ai découvert qu’il y avait eu aussi une Shoah sépharade. En effet, les Allemands sont allés jusqu’au désert de Libye chercher des Juifs pour les déporter et les exterminer. C’est dément!”
La Rafle est un film qui fait date parce qu’il est le premier à retracer cet événement honteux de l’Histoire de France.
Présenté en première nord-américaine en novembre dernier au Festival Cinémania, La Rafle prendra l’affiche à Montréal le 17 décembre.
La Rafle, a film about the Nazis’ removing the Jews of Paris to the Vélodrome d’hiver, then to a holding camp and finally to Auschwitz, will begin its Montreal run Dec. 17.