Jérusalem est, et demeurera, la capitale réunifiée de l’État d’Israël et du peuple juif. Tout en ayant accepté de geler durant les dix prochains mois les constructions en Cisjordanie, le gouvernement de Benyamin Netanyahou n’appliquera pas ce moratoire à Jérusalem-Est, rappelle en entrevue l’Ambassadeur Avi Pazner.
Avi Pazner
Porte-parole officiel du gouvernement d’Israël, président mondial du Keren Hayesod-Appel Unifié pour Israël et ancien Ambassadeur d’Israël en France et en Italie -il a été, au début des années 90, l’architecte de la normalisation des relations diplomatiques entre l’État hébreu et le Vatican-, l’Ambassadeur Avi Pazner a affablement accepté de répondre à nos questions. Nous l’avons joint à son bureau à Jérusalem.
Canadian Jewish News: Les relations entre l’État d’Israël et le gouvernement de Barack Obama sont-elles tendues?
Avi Pazner: Chaque administration américaine a sa propre ligne politique, à laquelle chaque gouvernement israélien au pouvoir doit s’habituer et s’adapter. Les Israéliens l’ont fait du temps de George Bush, de Bill Clinton, de George Bush père… Il y a parfois des petits malentendus et même des petites frictions, mais cela n’affecte en rien la relation profonde d’amitié qu’Israël entretient depuis longtemps avec les États-Unis. Plus qu’une relation d’amitié, c’est une relation d’alliance entre deux pays qui partagent de nombreuses valeurs communes, dont un profond attachement à la démocratie. Israël et les États-Unis ont une relation fondamentale basée sur une alliance coriace.
Il y a actuellement un très bon dialogue entre Israël et l’administration Obama. Une preuve patente de ce dialogue constructif: le Premier ministre Benyamin Netanyahou a annoncé récemment, après plusieurs mois de discussions intenses avec l’administration Obama, le gel des constructions en Judée et Samarie. Cette décision a été accueillie positivement à Washington. Ce n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres rappelant que la coopération entre Israël et les États-Unis continue d’être très étroite.
C.J.N.: Mais l’administration Obama a demandé avec insistance à Israël de cesser aussi toute nouvelle construction de logements à Jérusalem-Est. Cette requête américaine a été vigoureusement rejetée par Benyamin Netanyahou.
Avi Pazner: Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a annoncé que le gel de nouvelles constructions ne s’applique aucunement à Jérusalem. Réunifiée en 1967, Jérusalem est, et demeurera, la capitale d’Israël et de tout le peuple juif. Il est vrai que les États-Unis et beaucoup d’autres pays ont une position sur la question de Jérusalem qui diffère grandement de la position défendue par Israël. Il y a ceux qui pensent que Jérusalem doit être l’un des sujets cardinaux qui devront être prioritairement traités lors de futures négociations avec les Palestiniens. Les Israéliens pensent d’une manière différente. Sur cette question, les Israéliens sont bien conscients qu’ils ont un différend pas seulement avec les États-Unis mais aussi avec beaucoup d’autres pays. La position d’Israël en ce qui a trait au statut politique de Jérusalem a toujours été, et continuera à être, très claire et catégorique.
C.J.N.: La décision du gouvernement Netanyahou d’accepter un gel temporaire des constructions en Cisjordanie favorisera-t-elle une relance des négociations avec les Palestiniens?
Avi Pazner: Nous l’espérons. C’est la raison pour laquelle Israël a agréé à ce que lui demandait l’administration Obama: faire un geste à l’endroit des Palestiniens en acceptant de geler durant les dix prochains mois les constructions en Judée et Samarie. Ce geste nous l’avons fait à l’injonction de nos amis Américains. Nous espérons que cette décision du gouvernement israélien incitera les Palestiniens à reprendre incessamment les négociations avec Israël. Nous le répétons encore une fois: Israël est prêt à reprendre les négociations demain matin avec ses interlocuteurs palestiniens. Nous espérons que ce geste de la part du gouvernement d’Israël convaincra le président de l’Autorité Palestinienne, Abou Mazen, qu’il a tout à gagner et rien à perdre en se joignant aux Israéliens pour poursuivre les négociations de paix.
C.J.N.: Mais, les Palestiniens, le président de l’Autorité Palestinienne, Abou Mazen, en tête, réclament l’arrêt total des constructions à Jérusalem-Est avant de revenir à la table des négociations.
Avi Pazner: Le vrai problème d’Abou Mazen n’est pas la construction par Israël de nouvelles unités de logement à Jérusalem ou en Judée et Samarie mais le fait que le Hamas a pris possession de toute la bande de Gaza, désormais entièrement contrôlée par ce mouvement intégriste et fanatique, qui est un rival impitoyable du Fatah. C’est ça la réalité.
Aujourd’hui, Abou Mazen ne parle pas au nom de tous les Palestiniens. Par ailleurs, les élections palestiniennes, qui devaient avoir lieu le 24 janvier prochain, ont été reportées parce que le Hamas s’oppose farouchement à leur tenue. Donc, ce n’est pas la construction par Israël de nouveaux sites résidentiels à Jérusalem, qui se poursuit depuis quarante ans, qui explique le refus catégorique des Palestiniens de reprendre les négociations avec Israël. Force est de rappeler qu’Israël a maintes fois négocié avec les Palestiniens tout en poursuivant la construction de nouvelles demeures à Jérusalem et en Judée et Samarie. Ce n’est qu’un faux prétexte, un exutoire invoqué par les Palestiniens pour ne pas assumer leurs responsabilités. Le grand problème d’Abou Mazen est un problème intérieur palestinien et non un problème avec Israël.
C.J.N.: Comment les Israéliens ont-ils accueilli l’annonce faite récemment par Abou Mazen qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat lors des prochaines élections palestiniennes pour protester contre les politiques du gouvernement Netanyahou, qu’il a qualifiées de “très délétères pour le peuple palestinien” et de “réels obstacles à la paix”?
Avi Pazner: Il ne faut pas accorder une grande importance à cette déclaration fracassante d’Abou Mazen. Cette déclaration n’est qu’un stratagème pour faire pression sur les États-Unis parce que le président de l’Autorité Palestinienne est résolument convaincu que sans l’aide des Américains il ne pourra pas se maintenir au pouvoir. Il n’y a là rien de nouveau. Les Israéliens sont plus qu’habitués à ce type de rhétorique, ressassée par les leaders palestiniens quand ils sont aux abois. La question de savoir si Abou Mazen sera candidat aux prochaines élections palestiniennes n’est pas du tout pertinente puisque cette consultation électorale vient d’être reportée et on ignore si elle se tiendra en 2010, 2011 ou 2012? Donc, cette question devient complètement théorique. D’ici là, bien que très affaibli politiquement par le Hamas, Abou Mazen continuera à présider l’Autorité Palestinienne.
C.J.N.: Israël négocie actuellement avec le Hamas, par le truchement d’un émissaire allemand, pour obtenir la libération du soldat Guilad Shalit. Certains analystes des questions israélo-palestiniennes affirment que cette négociation augure une future reconnaissance politique par Israël de cette organisation islamiste?
Avi Pazner: Pas du tout. Pour Israël, cette négociation a un but strictement humanitaire et non politique. L’objectif premier d’Israël est de libérer le soldat Guilad Shalit, que nous avons envoyé au front en 2006 et qui est toujours détenu par le Hamas dans la bande de Gaza. Nous sommes en pleine négociation, par l’entremise d’un négociateur allemand, pour ramener sain et sauf Guilad Shalit à la maison. Cette négociation n’implique aucune reconnaissance du Hamas par Israël. Je tiens à rappeler que pour Israël, le Hamas continue d’être un mouvement terroriste qui récuse le droit à l’existence d’un État juif. Mais, nous allons faire tout notre possible pour libérer Guilad Shalit. Cette négociation, menée pour des motifs purement humanitaires, n’aura aucune implication sur le plan politique. L’État d’Israël n’a pas l’intention de reconnaître ni de dialoguer avec les représentants d’une entité terroriste qui veut l’annihiler.
In an interview from Jerusalem, Israeli spokesman Avi Pazner talks about the possibilities for renewed negotiations with the Palestinians.