Le plus célèbre humoriste de France et de la Francophonie, Gad Elmaleh, sera de retour à Montréal les 27 et 28 mai pour présenter son dernier spectacle, Papa est en haut, au Théâtre du Centre Bell -5 000 places.
Créé à Montréal il y a deux ans pour le Festival Juste pour Rire, Papa est en haut a fait un tabac en France -plus de 800000 spectateurs- et dans d’autres contrées francophones. Gad a présenté récemment ce one-man show à Los Angeles, à deux reprises et à guichets fermés, au Comedy Store -salle mythique et passage obligé des plus grands humoristes du stand-up américain.
C’est la première fois qu’un humoriste français, en l’occurrence Sépharade, se produit sur la scène du Théâtre du Centre Bell.
“Fouler la scène de ce lieu mythique, Temple du hockey québécois, qu’est le Centre Bell, c’est un très grand challenge qui me donne le trac”, nous a confié en entrevue depuis Paris ce brillant humoriste, qui maîtrise à merveille le langage du corps.
“C’est la première fois qu’un humoriste français et qu’un Sépharade vont sur la lune!, lance Gad sur un ton goguenard. Ce qui me donne vraiment le trac, ce n’est pas le fait que des grandes stars de la chanson et de l’humour se soient produites au Centre Bell, mais c’est plutôt l’aura sacrée de ce lieu mythique. Des grandes salles de spectacle, j’en fais beaucoup en Europe. J’ai même présenté un spectacle dans un stade en Belgique. Quand je joue en France au Zénith ou au Palais des Sports, je ne dis pas que c’est normal, je me réjouis toujours, mais c’est devenu quelque chose d’habituel. Au Québec, donner un spectacle en dehors de sa zone de confort, c’est un grand défi professionnel.”
Gad présentera-t-il au public montréalais une version quelque peu modifiée et réactualisée de Papa est en haut?
“Absolument. La moitié du spectacle que je présenterai à Montréal, c’est du nouveau matériel que je suis en train de roder. Je ne suis pas obsédé par l’idée de devoir impérativement renouveler un spectacle. Il y a aussi le fait que je m’ennuie quand je joue tous les soirs la même chose. Il faut à un moment donné introduire de nouveaux éléments. J’aborderai frontalement des thèmes sempiternels: les relations amoureuses, la filiation, les joies et les petits tracas d’être papa… tout en me réservant une part importante d’improvisation et d’interaction avec le public. Je parlerai beaucoup dans ce spectacle des animaux et du rapport que nous, les Méditerranéens, avons avec eux. Pour moi, c’est un phénomène très intéressant parce que je n’ai jamais compris pourquoi les Méditerranéens n’avaient pas chez eux des animaux domestiques. Je m’escrime aussi à faire une analyse très “politico-sentimentalo-sociologico-culturelle” de l’affection qu’en France on porte aux animaux. Je me permets aussi de “critiquer” d’une manière soft les intégristes de l’écologisme. Je suis toujours surpris par l’attitude des artistes qui du jour au lendemain se doivent de claironner: “Moi, je suis à fond la caisse pour l’environnement!””
La version de Papa est en haut que Gad présentera au Théâtre du Centre Bell comportera-t-elle un “volet québécois”?
“Bien sûr. Toute l’introduction du spectacle portera sur mes années et mes expériences québécoises. J’ai écrit pour cette occasion un passage sur ma vie au Québec. Ce n’est pas la première fois que j’en parle en stand-up. J’ai évoqué aussi mes années au Québec dans mon spectacle Décalage.”
Gad est toujours ravi quand il revient à Montréal car c’est la ville où il a débuté sa carrière artistique.
“Montréal et le Québec ont été une étape très importante dans ma vie. J’ai vécu à Montréal les années charnières de ma jeunesse-16 à 20 ans-. Ce sont des années cruciales dans la vie d’un jeune, où il se passe vraiment des choses importantes et des bouleversements majeurs: les premiers amours, les premiers échecs universitaires retentissants, les premières expériences théâtrales… Je sais que j’en parle souvent, mais c’est toujours bon de le rappeler: la première fois que je suis monté sur une scène, c’était à la Quinzaine Sépharade de Montréal. J’ai interprété alors un personnage que j’ai créé de toutes pièces, qui a donné plus tard naissance au très Sépharade et coloré Baba Yihyia. C’est un moment capital de ma vie que je n’oublierai jamais.”
Depuis une quinzaine d’années, Gad entretient “une relation magnifique et très particulière” avec le public montréalais.
“La première fois que je suis monté sur une scène tout seul pour présenter un one-man show, c’était au Québec. Un mécène extraordinaire de la Communauté sépharade de Montréal, Michel Azoulay, m’appela un bon matin pour m’annoncer: “Je viens de te réserver la Salle du Cabaret du Musée Juste pour Rire pour que tu présentes un show. Surtout, ne me dis pas non!” J’étais effrayé et totalement abasourdi. Je me suis dit: “Mais qu’est-ce que je vais leur présenter! Ça va être la hchouma -la honte- de ma vie!” Il y avait ce soir-là ma famille et quelques amis de la Communauté sépharade. Aujourd’hui, je réalise que ce premier pas fut le moment le plus déterminant de ma carrière professionnelle, raconte Gad avec entrain. Si Michel Azoulay n’avait pas été là à ce moment-clé, je n’aurais jamais fait la carrière que je fais aujourd’hui.”
Gad abordera-t-il dans son spectacle un thème de société d’une brûlante actualité qui suscite de vives controverses en France: le débat sur l’identité nationale française?
“Oui, je l’évoque un peu dans mon spectacle, dit-il. Mais j’insiste surtout sur l’aspect absurde de la question qu’on pose aujourd’hui aux Français. C’est quoi être Français en 2010? Il y a un côté un peu risible dans cette question. J’entends tous les jours des Français qui se demandent: “Pourquoi on nous impose cette question?” Ce qui me dérange profondément dans ce débat très passionné, c’est le fait qu’on assimile la question de l’identité nationale à la question de l’immigration. J’ai l’impression parfois qu’il y a un raccourci très simpliste. On pose la question “C’est quoi être Français aujourd’hui?” en remettant en question les droits des immigrés, le vote des étrangers… Ça m’exaspère beaucoup. Moi, je n’hésite pas à dire aux Français que je suis l’exemple que l’immigration peut vraiment être réussie des deux côtés: pour l’immigrant que je suis, qui a pu concrétiser en France les rêves les plus fous, et pour la France, qui m’a accueilli généreusement.”
2010 sera une année “très cinéma” pour Gad. Il vient de tourner à Hollywood, sous la direction de Steven Spielberg, dans l’adaptation cinématographique des aventures de Tintin -la sortie de ce film est prévue en 2011- et est l’un des acteurs principaux du film historique La Rafle, réalisé par Roselyne Bosch, qui vient de prendre l’affiche en France.
Gad interprète le rôle de Schmuel Weisman, un immigré polonais pris en 1942 dans la rafle du Vél’ d’Hiv à Paris pendant l’occupation nazie. Il joue auprès de deux acteurs français de renom, Jean Réno et Mélanie Laurent.
“Jouer dans La Rafle, ça a été pour moi une expérience cinématographique importante et très marquante. J’étais très heureux et ému de pouvoir contribuer a ce Devoir de Mémoire qui dans ce film est accompli par la narration très bouleversante d’un chapitre funeste de l’Histoire contemporaine de la France. Au-delà de mon implication artistique, j’ai eu l’opportunité de participer à un beau projet humain et social. Pendant le tournage de ce film, qui a duré trois mois, j’ai appris beaucoup de choses que j’ignorais sur la collaboration française avec les nazis, le sinistre camp de Beaune-La-Rolande, où les Juifs furent parqués avant d’être déportés vers les camps de la mort… J’ai aussi appris des choses belles et positives, comme le grand courage des Justes Français, qui sauvèrent beaucoup d’enfants Juifs.”
Gad a-t-il de nouveaux projets artistiques? Le verra-t-on prochainement sur scène avec un nouveau spectacle?
“Après Montréal, je vais prendre une pose. Il faut aussi savoir s’arrêter pour recharger un peu les batteries et laisser venir l’inspiration. Après trois années non stop, je suis vraiment épuisé. Avant de revenir sur scène avec un nouveau spectacle, j’ai envie d’être réellement inspiré au lieu de me contenter de décliner ce que j’ai déjà présenté au public. Je ne remonterai sur scène que si j’ai vraiment une idée de spectacle géniale et suis réellement inspiré. Mais pour brûler d’impatience de faire un nouveau délire sur scène, il faut d’abord s’arrêter un peu.”
Les médias québécois ont réservé un accueil très enthousiate à Gad lors de son récent passage à Montréal, où il est venu faire la promotion des deux spectacles qu’il donnera au Théâtre du Centre Bell les 27 et 28 mai prochains.
Gad a été l’invité de marque de l’émission la plus populaire de la télévision québécoise, Tout le monde en parle, animée par Guy A. Lepage. Il a même remporté haut la main le Concours “L’artiste étranger le plus appelé à son hôtel”, organisé par les concepteurs de cette émission de télé culte. Chaque fois qu’un artiste étranger est l’hôte de Tout le monde en parle, Guy A. Lepage demande aux auditeurs d’appeler la vedette question à sa chambre d’hôtel, dont il donne le numéro durant l’émission.
Gad est heureux de revenir bientôt à Montréal.
“Je tiens à dire au public montréalais et québécois que les 27 et 28 mai, ce seront des belles retrouvailles au Centre Bell. Je n’ai jamais oublié ceux qui m’apportent du bonheur au Québec. J’ai hâte de retrouver mon public québécois, qui a toujours été fidèle et très généreux.”
In an interview, comedian Gad Elmaleh talks about returning to Montreal to perform his show, Papa est en haut, at the Bell Centre May 27 and 28.