Une psychanalyse des hommes au Québec

L’une des études psychanalytiques les plus originales consacrées aux hommes québécois est l’oeuvre d’une psychologue et psychanalyste Juive sépharade, native du Liban, Marie Hazan. Le Masculin.

L’une des études psychanalytiques les plus originales consacrées aux hommes québécois est l’oeuvre d’une psychologue et psychanalyste Juive sépharade, native du Liban, Marie Hazan. Le Masculin.

Psychanalyse des représentations des hommes au Québec, publié récemment aux Éditions Quebecor, est un essai iconoclaste qui met en charpie une kyrielle de mythes et de préjugés tenaces colportés depuis longtemps sur les mâles québécois.

“Au Québec, les hommes d’aujourd’hui sont pris entre deux scénarios: d’une part, entre la modernité et l’éga­li­té et, d’autre part, l’affirmation d’une identité liée à la domination tantôt de l’un, tantôt de l’autre sexe. Ceux-ci sont confrontés à plusieurs modèles d’hommes, contradictoires ou complémentaires. Enfin, les différences de culture créent actuellement un choc au Québec et croisent la question de l’éga­li­té entre les hommes et les femmes, un acquis au Québec selon tous les partis politiques”, explique Marie Hazan dans l’introduction de son livre.

Plutôt que de prendre parti et de discuter ces arguments, l’auteure a décidé de décrire et de “psychanalyser” les hommes selon leurs rapports entre eux et avec les autres: leurs parents, leur femme, leurs enfants.

“Les hommes sont d’abord des fils et des frères, puis des copains, la relation entre eux se modelant sur celles bâties avec le frère ou la fra­trie. Ensuite, ils sont des amants, des maris ou des conjoints et, enfin, des pères”, ajoute-t-elle.

Marie Hazan “psychanalyse” les hommes québécois à l’aide d’exemples issus de la Bible, de la mythologie grecque, des contes et légendes fondateurs de la culture québécoise, de personnages de romans et de films québécois, ainsi que de personnalités politiques.

D’après elle, au­­jourd’hui, au Québec, le patriarcat est affaibli et le pouvoir ne repose plus sur les mêmes mécanismes.

“Le masculin ne peut plus se pré­va­loir aussi simplement du patriarcat, celui-ci relève davantage du particulier. Désormais, c’est l’individu qui cherche à s’épanouir, alors qu’auparavant la famille représentait une institution dont le rôle était de relayer les valeurs et les modalités relationnelles privilégiées par la société et l’Église. Maintenant que les femmes occupent une place sociale plus établie et qu’ils ­peuvent moins les contrôler, les hommes essaient de s’adapter à ce rapport nouveau mais stimulant. Alors, ils s’inquiètent du “féminin en eux” et se retranchent parfois derrière une identité plus stéréotypée. Ils sont d’une certaine manière pris dans un dilemme identitaire. Ils doivent inventer une nouvelle manière de vivre, différente de celles de leurs pères et grands-pères. Cela les amène à se penser fautifs s’ils sont trop masculins et en échec s’ils sont trop féminins. Ils sont à leur tour en quête d’une identité nouvelle. Ils accusent leurs pères, leur reprochent d’être “absents” et, ce faisant, se placent quelquefois en situation de victimes à la fois vis-à-vis des pères et des femmes. Avec cette nostalgie du monde d’autrefois, qui présente les changements comme un déclin, on semble oublier combien les familles pouvaient être oppressantes et aliénantes.”

L’ancien modèle du mâle dominant, prétendument sans failles ni sentiments, n’est plus le seul en vigueur, mais il existe encore!, affirme Marie Hazan.

“Dans cette période de transition, le mascu­lin et le paternel ont besoin d’être soutenus et validés dans les relations privées, d’autant plus qu’ils le sont moins clairement sur les plans social et symbolique. Les hommes d’aujourd’hui ont le choix -et j’inclus les choix conscients et inconscients- de vivre de plusieurs manières différentes leur masculinité et leur sexualité”, conclut-elle.

Marie Hazan est professeure de psychologie à l’Université du Québec à Montréal (U.Q.A.M.) et superviseure de stages au Centre de Services psychologiques. Elle est également membre de l’Ordre des psychologues du Québec, du Groupe d’Études psychanalytiques interdisciplinaires (G.É.P.I.) et de la Libre Association de psychanalyse de Montréal (L.A.P.M.). Elle a publié plusieurs articles et livres sur les questions de la féminité, de la masculinité et de la transmission de la psychanalyse, ainsi que sur les accommodements raisonnables.

In her recent book, psychologist and psychoanalyst Marie Hazan analyzes the changing roles and attitudes of men in Quebec.

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