Le délire anti-israélien d’Hugo Chavez

Les frasques et les coups de gueule éclatants du très excentrique président vénézuélien Hugo Chavez sont désormais légendaires.

Les frasques et les coups de gueule éclatants du très excentrique président vénézuélien Hugo Chavez sont désormais légendaires.

Son empoignade homérique avec le roi Juan-Carlos d’Espagne, le printemps dernier lors du Sommet des Amériques qui s’est tenu au Chili, après avoir traité de “fasciste minable” l’ancien Premier ministre espagnol, José-Maria Aznar, et ses diatribes véhémentes contre l’ancien président du Mexique, Vicente Fox, qu’il qualifia sans la moindre gêne de  “servile chihuaha des Américains” et le président américain sortant, George Bush, qu’il ne cesse de fustiger en l’affublant du vil sobriquet de “Yankee de merde!”… sont quelques expressions éloquentes de l’anti-impérialisme et antiaméricanisme viscéral de ce leader populiste à la verve très truculente.

La dernière incartade du président vénézuélien a laissé pantois les leaders politiques occidentaux, même ceux que l’on peut difficilement suspecter de sympathies proisraéliennes: son ordre d’expulser l’Ambassadeur de l’État d’Israël à Caracas, en guise solidarité avec le peuple palestinien et pour protester contre l’offensive israélienne à Gaza, qu’Hugo Chavez a qualifiée sans ambages de “génocide”.

Ainsi, le 7 janvier dernier, l’Ambassadeur de l’État d’Israël au Venezuela, Shlomo Cohen, et une partie du personnel de l’Ambassade ont été expulsés quasiment manu militari.

Hugo Chavez et son gouvernement ont accusé Israël de se livrer à de “flagrantes violations du droit international” et d’avoir mis en oeuvre une “utilisation planifiée du terrorisme d’État” contre le peuple palestinien.

Peu avant l’annonce de l’expulsion de l’Ambassadeur de l’État d’Israël à Caracas, Hugo Chavez demanda expressément à la Communauté internationale que, s’“il y  avait encore des scrupules dans ce monde”, le président israélien soit “traduit devant la Cour pénale internationale de la Haye, aux côtés du président des États-Unis.”

“L’armée israélienne est d’une grande lâcheté pour avoir attaqué un peuple sans défense, endormi, innocent. Israël agit comme le bras armé de l’impitoyable empire yankee, qui soutient et impulse les attaques israéliennes sur Gaza”, renchérit-il.

Ne faisant jamais dans la dentelle, le président vénézuélien a cloué Israël au pilori avec une hargne fielleuse en le qualifiant de “pays assassin et génocidaire”.

Tout en se targuant de s’être “toujours opposé à l’antisémitisme comme à tout type de discrimination et de racisme”, Hugo Chavez lança un “appel fraternel au peuple juif pour qu’il s’oppose aux politiques criminelles et terroristes de l’État d’Israël, qui rappellent les pires pages de l’Histoire du XXe siècle” -déclaration rapportée par El Pais et l’Agence France Presse-.

Ce qui est fort surprenant, c’est qu’Hugo Chavez ait décidé d’expulser le représentant officiel de l’État d’Israël au Venezuela en signe de solidarité avec le peuple palestinien alors que deux grands pays arabes ayant des relations diplomatiques avec l’État hébreu, l’Égypte et la Jordanie, tout en sermonnant vertement le gouvernement d’Ehoud Olmert,  n’ont pris aucune disposition pour évincer de leur sol les diplomates israéliens en poste dans ces deux nations musulmanes au coeur de l’épicentre du conflit israélo-arabe.

Ce n’est pas la première fois qu’Hugo Chavez a maille à partir avec l’État d’Israël et les Juifs.

En janvier 2006, le Centre Simon Wiesenthal avait qualifié d’“antisémite” le président vénézuélien à la suite d’un discours très controversé que ce dernier a prononcé la veille de Noël.

“Plus que jamais, le Christ nous manque. Mais ils se trouve qu’une minorité, les descendants de ceux qui ont crucifié le Christ, s’est emparée des richesses du monde, de l’or de la planète, de l’argent, des richesses minérales, des eaux, des bonnes terres, du pétrole… et a concentré ces richesses entre quelques mains”, avait-il déclaré.

Le président du Venezuela est-il réellement antisémite?

“Hugo Chavez est un grand manipulateur et un rhétoricien rusé qui dérape souvent. Son principal credo idéologique étant la lutte contre l’impérialisme américain, il considère l’État d’Israël comme un suppôt des États-Unis. Son grand délire anti-isralien l’amène souvent à s’empêtrer dans une rhétorique antisémite crasseuse. Dès qu’on l’accuse d’être un antisémite, il appelle à sa rescousse les leaders de la Communauté juive de Caracas. Ces derniers n’ont pas le choix que de le réhabiliter en récusant les accusations d’antisémitisme proférées à son encontre. Un bel exemple de “Dhimitude” en Terre chrétienne! En tout cas, il est difficile de ne pas voir dans les propos d’Hugo Chavez une allusion à peine voilée au fameux “complot américano-judéo-sioniste” pour s’emparer des richesses du monde. S’il n’est pas antisémite, il ne craint pas en tout cas la proximité avec ceux qui le sont, notamment avec l’actuel chef de file du négationnisme, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad”, explique en entrevue Simon Benzaquen, un universitaire vénézuélien exilé, spécialiste reconnu des questions politiques latino-américaines et chercheur à l’Université de Mexico.

Il est vrai que depuis son accession au pouvoir Hugo Chavez n’a cessé de renforcer ses relations avec l’Iran et son président, Mahmoud Ahmadinejad. Il est l’un des rares dirigeants des pays du tiers-monde à soutenir ouvertement le programme nucléaire iranien. Il oeuvre sans relâche à l’O.N.U. pour que le sulfureux Dossier iranien ne se retrouve pas au Conseil de sécurité et pour obtenir un vote négatif dans ce Dossier de la part du Groupe Amérique latine.

Une autre “ relation” accablante  pour le président vénézuélien: ses liens troublants avec un célèbre négationniste, Norberto Ceresole (aujourd’hui décédé), élève de Faurisson, dont les oeuvres révisionnistes abjectes sont accessibles sur Internet (par exemple sur les sites révisionnistes www.revisionismo.org/es/not.htm et www.aaargh.com.mx/espa/solavaya.html).

Avant de rejoindre le cénacle politique d’Hugo Chavez, Norberto Ceresole s’était illustré en Argentine en affirmant que la presse était entièrement entre les mains du “puissant lobby juif” et en accusant le Mossad d’avoir perpétré au début des années 90 les attentats contre l’Ambassade d’Israël et un Centre culturel de Buenos Aires, qui avaient fait plus de 100 morts. Ce révisionniste invétéré a été le mentor de Chavez en tant que théoricien d’un projet qu’il baptisa “Post-Démocratie”. Le pétrole y devenait l’arme fondamentale, “plus puissante qu’un missile nucléaire”, de la guerre pour la création d’un Nouvel Ordre Mondial. L’OPEP étant le lieu où se forgera une nouvelle “alliance stratégique” avec l’Irak, l’Iran et la Libye, en vue d’une quatrième Guerre mondiale contre la globalisation américaine.

“Hugo Chavez a toujours surfé sur des eaux troubles. Il a souvent de la difficulté à percevoir clairement les lignes de rubicon très ténues à ne pas franchir, notamment en ce qui a trait à la distinction à établir entre un Israélien sioniste et un Juif de la Diaspora. Il est vrai que dans le Venezuela de 2009, très catholique et férocement antiaméricain et antilibéral, l’antisémitisme est de plus en plus banalisé. L’État d’Israël est considéré comme un séide des Américains. Donc, aujourd’hui, aux yeux d’une majorité de Vénézuéliens, et aussi de Latino-Américains, les Juifs, qui sont majoritairement très solidaires d’Israël, sont considérés comme les complices du “génocide” commis par Israël à Gaza. La position d’Hugo Chavez à l’endroit d’Israël est une parfaite illustration de cette équation fallacieuse et très réductrice”, explique Simon Benzaquen.

Le 15 janvier, le gouvernement d’Hugo Chavez a décidé de rompre officiellement les relations diplomatiques entre le Venezuela et l’État d’Israël.

The author looks at the history of relations between Venezuelan President Hugo Chavez and Israel and anti-Semitism in the country, in view of Chavez’ recent expulsion of the Israeli ambassador from Venezuela to support the Palelstinians in Gaza.

 

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