La grande révolution vinicole israélienne

Depuis le début des années 70, Israël a connu une révolution vinicole qui a profondément transformé son industrie nationale du vin.

Gad Elbaz, fondateur d’IsraVin

Depuis le début des années 70, Israël a connu une révolution vinicole qui a profondément transformé son industrie nationale du vin.

Gad Elbaz, fondateur d’IsraVin

Cette révolution vinicole débuta en 1970, trois ans après la Guerre des Six Jours, quand un professeur de l’Université de Californie, Davis, institution académique réputée qui forme des viticulteurs et des oenologues, parcourut tout Israël pour analyser ses sols. Cet expert vinicole conclut que le plateau du Golan était le meilleur terroir pour produire des vins de grande qualité. Des vignes furent plantées dans les terres les plus prolifiques du Golan et, en 1976, fut produit le premier grand Cabernet Sauvignon israélien. Depuis, les Israéliens n’arrêtent pas de faire des expérimentations sur tous les cépages.   

“À partir du début des années 80, l’industrie vinicole israélienne s’est donnée un nouveau mandat. Pendant près de cent ans, du milieu du 19ème siècle jusqu’à la fin des années 70, la vocation principale des producteurs vinicoles israéliens était de produire des vins casher à faibles coûts pour des besoins religieux. La qualité de ces vins casher n’était pas très épatante! Au début des années 80, la Golan Heights Winery, fondée dans la ville de Katzrin, a produit pour la première fois un grand vin casher de classe internationale. La révolution vinicole israélienne débuta à ce moment-là. À l’époque, il n’y avait en Israël que cinq grand producteurs de vins, qui ne confectionnaient que des crus casher destinés à la consommation locale et aux Communautés juives de la Diaspora, qui les consommaient généralement pendant la période des fêtes religieuses juives. Aujourd’hui, l’industrie vinicole israélienne compte six grands producteurs, une quinzaine de producteurs de taille moyenne et quelque trois cents petits producteurs”, explique Gad Elbaz, fondateur et directeur d’IsraVin, une Agence promotionnelle de vins et spiritueux israéliens au Québec.

Le principal mandat d’IsraVin est de faire le lien entre des producteurs de vins israéliens, notamment la Golan Heights Winery, et la Société des Alcools du Québec (S.A.Q.). Une fois que les vins israéliens proposés sont approuvés par la S.A.Q. pour qu’ils soient vendus dans ses magasins, IsraVin fait leur promotion par le biais d’annonces relayées par Internet, de dégustations organisées dans des succursales de la S.A.Q. et dans des cercles privés…

“La mission qu’IsraVin s’est donnée il y a quatre ans, c’est d’essayer de changer un peu les règles de la donne. Jusqu’ici, au Québec, on a travaillé avec le vieux modèle: on importait d’Israël des vins casher dont on faisait la promotion essentiellement auprès de la Communauté juive. Aujourd’hui, étant donné la grande qualité des vins israéliens produits, ceux-ci sont proposés non seulement aux consommateurs de vins casher mais aussi à tous ceux qui sont à la recherche de bons vins provenant de pays du Nouveau Monde: Israël, Australie, Afrique du Sud… Désormais, le consommateur québécois a tendance à être assez aventureux, c’est-à-dire qu’il ne se limite pas à un, deux ou trois pays avec lesquels il est le plus familier. Il est beaucoup plus ouvert à d’autres vins importés d’autres contrées”, précise Gad Elbaz.

Pendant longtemps, les vins casher étaient associés aux “vins de piètre qualité”, rappelle-t-il. C’est cette “image pernicieuse” que les promoteurs des vins israéliens au Québec s’escriment à changer.

“Beaucoup de gens, majoritairement des non-Juifs mais des Juifs aussi, sont mal à l’aise quand on leur propose un vin casher. Comme si l’appellation “casher” signifiait absolument un vin de mauvaise qualité. Or, on se rend compte aujourd’hui, au niveau de la production vinicole, que si on applique toutes les techniques et tout le savoir-faire qui existent: processus de vieillissement du vin dans des barils -on laisse vieillir le vin dans des barils de chêne-, la manière de trier les raisins lors des vendanges -un bon viticulteur va très tôt dans la saison couper un certain nombre de grappes, qu’il va sacrifier pour que les grappes restantes produisent un jus plus concentré-… on obtiendra un vin de meilleure qualité. Évidemment, produire un vin de meilleure qualité, ça induit pour le producteur des coûts supplémentaires. Sélectionner les grappes manuellement, c’est un procédé plus onéreux que cueillir celles-ci avec un tracteur. En coupant une partie de ses grappes, le producteur voit son rendement diminuer de 20%, 30% et même parfois 40%…”

Changer la perception que beaucoup de consommateurs québécois ont du vin casher, c’est “un travail de longue haleine”, reconnaît Gad Elbaz.

“On ne va pas changer du jour au lendemain cette perception solidement ancrée dans les esprits, dit-il. Le vin casher n’indispose pas que les consommateurs non-Juifs. Je rencontre souvent des consommateurs Juifs qui boivent du vin non casher. Dès que je leur dis que je représente certains vignobles israéliens, ils me répondent sans ambages: “Non, merci, le vin casher je n’y touche pas!” Ces préjugés automatiques par rapport aux vins israéliens sont une perception fâcheuse qu’il faut absolument enrayer. Je crois qu’on y arrivera avec le temps. Pour cela, nous devons nous armer de patience.”

Les campagnes de boycott menées contre les produits israéliens ont-elles aussi des répercussions négatives sur la vente des vins d’Israël au Québec?

“Il est vrai qu’on entend aussi Québec parler de ces campagnes de boycott contre les produits israéliens. Mais, sincèrement, je n’ai pas encore senti chez nous l’effet de ces campagnes de boycottage sur les vins israéliens. Au contraire, je dirais que les vins provenant d’Israël pénètrent de plus en plus dans la conscience des consommateurs québécois”, constate Gad Elbaz.

Aujourd’hui, les vins israéliens sont en train de se frayer une place de choix dans les milieux vinicoles internationaux. Ces dernières années, plusieurs crus israéliens ont été primés dans des concours vinicoles internationaux très prestigieux. Des revues spécialisées en vins consacrent régulièrement des articles et des dossiers spéciaux aux vins d’Israël. L’année dernière, le magazine québécois Vins & Vignobles -périodique de référence incontournable au Québec en matière de vins et spiritueux- a  publié un grand dossier sur l’industrie vinicole israélienne, intitulé “Israël: Terre de miel et de vin” -édition février-mars 2008-.

D’après Gad Elbaz, aujourd’hui, le gouvernement d’Israël aide, par le biais d’une série d’initiatives concrètes, les producteurs vinicoles israéliens à exporter leurs crus à l’échelle mondiale.

Depuis 2006, un grand Salon international de vins, IsraWine Expo, a lieu tous les deux ans en Israël. La prochaine édition de ce grand rendez-vous vinicole international aura lieu à Tel-Aviv en février 2010.

“Aujourd’hui, l’exportation des vins israéliens est plus structurée et est appuyée tangiblement par le gouvernement israélien par le truchement de l’Israel Export Institute, un organisme gouvernemental chapeauté par le Ministère de l’Industrie et du Commerce d’Israël.  Cet Institut fait la promotion des vins israéliens à l’étranger, surtout aux États-Unis et en Europe. Ces efforts de promotion sont moins importants au Canada. C’est ce que nous essayons de changer. Quant au contrôle gouvernemental des vins israéliens exportés, celui-ci est depuis quelques années de plus en plus pointilleux et structuré.”

Pour plus d’informations sur les vins promotionnés par IsraVin, consulter le Site Internet: www.isravin.com

Gad Elbaz, founder and director of IsraVin, which promotes Israeli wines in Quebec, talks about the quality of the wine produced in the Jewish state.

 

Author

Support Our Mission: Make a Difference!

The Canadian Jewish News is now a Registered Journalism Organization (RJO) as defined by the Canada Revenue Agency. To keep our newsletter and quarterly magazine free of charge, we’re asking for individual monthly donations of $10 or more. As our thanks, you’ll receive tax receipts and our gratitude for helping continue our mission. If you have any questions about the donation process, please write to [email protected].

Support the Media that Speaks to You

Jewish Canadians deserve more than social media rumours, adversarial action alerts, and reporting with biases that are often undisclosed. The Canadian Jewish News proudly offers independent national coverage on issues that matter, sparking conversations that bridge generations. 

It’s an outlet you can count on—but we’re also counting on you.

Please support Jewish journalism that’s creative, innovative, and dedicated to breaking new ground to serve your community, while building on media traditions of the past 65 years. As a Registered Journalism Organization, contributions of any size are eligible for a charitable tax receipt.