Passionnée par les équations mathématiques, Anaelle Hertz passe une grande partie de son temps à résoudre patiemment des questions d’arithmétique complexes. Cette matheuse de 21 ans, étudiante en Mathématiques et Physique à l’Université de Montréal, a été la lauréate du Prix Excelle Science décerné dans le cadre de l’édition 2009 du très prisé Concours Chapeau, les filles! organisé par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec.
Anaelle Hertz
Ce prestigieux Prix encourageant l’excellence académique chez les femmes permettra à Anaelle d’effectuer, à l’été 2010, un stage de trois mois dans un laboratoire du Centre National de la Recherche Scientifique de France (C.N.R.S.).
Le Concours Chapeau, les filles! a pour objectifs de: valoriser les femmes qui choisissent une profession ou un métier traditionnellement masculin; récompenser leurs efforts; donner des modèles de réussite féminins; inciter les femmes à faire des choix de carrière non stéréotypés; aider les étudiantes à surmonter des problèmes spécifiques liés à leur condition de minoritaires au sein d’un groupe à prédominance masculine; augmenter l’autonomie économique des femmes.
Actuellement, au Québec, la proportion de femmes en formation professionnelle se situe à 11% et à un peu moins de 20% en formation technique. L’objectif que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec s’est fixé est d’atteindre (et idéalement de dépasser) 33% de professionnelles dans les métiers traditionnellement exercés par les hommes.
Plusieurs milliers de candidates de toutes les régions du Québec ont participé cette année au Concours Chapeau, les filles! Deux critères majeurs de sélection ont été pris en considération: les résultats académiques et le texte rédigé par les candidates explicitant les raisons pour lesquelles elles souhaitent faire des études, et plus tard une carrière professionnelle, dans des domaines scientifiques traditionnellement masculins.
Née à Lausanne, en Suisse, dans une famille juive de souche mixte -son père est Ashkénaze et sa mère est Sépharade-, Anaelle avait 13 ans quand ses parents ont décidé de s’établir au Québec. Elle baigne dans les mathématiques depuis qu’elle était petite -son père enseigne cette matière à l’École Polytechnique de Montréal-.
Après avoir complété ses études secondaires à l’École Maïmonide de Ville Saint-Laurent, Anaelle décide au Collégial de ne pas opter uniquement pour les sciences pures ou de la santé.
“Je souhaitais élargir au maximum mes horizons académiques, explique-t-elle. Je tenais à enrichir ma culture générale. Je me suis donc inscrite à un programme polyvalent en sciences, lettres et arts. Ce furent deux années d’étude très enrichissantes.”
Au Cégep, elle découvre avec fascination l’univers de la physique. À la fin de ses études collégiales, elle s’inscrit en Génie mécanique à l’École Polytechnique. Mais, au bout d’un an d’étude, elle se rend compte que le Génie est une discipline trop concrète pour elle.
“Ce qui me passionne, c’est la théorie et non l’application de concepts théoriques sur des éléments réels comme les moteurs ou les centrales thermiques. Chose certaine, le métier d’ingénieur, ce n’est pas pour moi!”
Sans hésiter, Anaelle se réoriente vers les mathématiques et la physique. Deux disciplines d’étude où les filles ne sont pas légion à l’Université de Montréal.
“Dans ma classe qui compte 40 élèves, il n’y a que quatre filles. Le Concours Chapeau, les filles! est une initiative extraordinaire pour encourager des jeunes filles de ma génération à poursuivre des études dans des branches scientifiques où les hommes sont très majoritaires.”
Anaelle est la seule étudiante juive dans le programme de première année de Baccalauréat en Mathématiques et Physique de l’Université de Montréal.
“Les étudiants juifs ne se bousculent pas aux portes des Départements de Mathématiques et de Physique de l’Université de Montréal. En Mathématiques, il n’y a que quatre étudiants juifs. En Physique, je n’en connais aucun. C’est regrettable, mais j’ai l’impression que les matières scientifiques n’ont plus la cote auprès des étudiants juifs francophones.”
Anaelle est ravie d’être une des récipiendaires du Concours Chapeau, les filles! car effectuer un stage dans un des laboratoires du C.N.R.S., en France, est, dit-elle “un grand privilège et une opportunité exceptionnelle” pour une étudiante universitaire curieuse de découvrir comment on concocte des théories scientifiques dans des laboratoires.
Envisage-t-elle de faire une carrière dans le domaine de la recherche en mathématiques ou dans un autre créneau scientifique?
“Je ne le sais pas encore. J’ignore si j’aurais les qualités nécessaires et la patience pour passer mes journées dans des laboratoires. Le stage que je vais faire l’été prochain dans un laboratoire du C.N.R.S. m’aidera certainement à prendre une décision en ce qui trait à mes plans de carrière.”
Anaelle n’a pas encore choisi le laboratoire du C.N.R.S. où elle sera initiée aux rudiments de la recherche empirique. Elle a encore plusieurs mois devant elle avant d’arrêter son choix.
Université de Montréal math and physics student Anaelle Hertz this year won a Hats Off To You! award given by the Quebec government to women enrolled in trade and technical programs leading to traditionally male-dominated occupations.