‘L’École Solomon Schechter est un modèle à suivre’

En 2006, l’Académie Solomon Schechter de Montréal fut l’une des écoles Primaires sélectionnées par le ministère de l’Éducation du Québec pour expérimenter le nouveau cours d’Éthique et Culture religieuse qui, dès la rentrée scolaire 2008, remplacera les cours d’enseignement moral et religieux dans les établissements scolaires publics et privés québécois.

Au cours de sa visite, Mme Courchesne a rencontré les élèves et les enseignant(e)s de trois classes -1ère année, 4ème année et 5ème année du Primaire-, où le nouveau cours d’Éthique et Culture religieuse est enseigné depuis presque deux ans.

La Ministre de l’Éducation a été “très impressionnée” par ce qu’elle a vu dans ces trois classes dirigées par des “enseignants et des enseignantes très compétents et des plus motivés”, nous a-t-elle dit au cours de l’entrevue qu’elle a accordée au Canadian Jewish News à la fin de sa visite de l’Académie Solomon Schechter.

“Le principal objectif de ma visite à l’École Solomon Schechter était d’échanger et de témoigner de l’apprentissage de ce nouveau cours. J’ai pu constater la réussite de l’enseignement de ce cours dans cet établissement scolaire, affilié au dynamique réseau des Écoles juives de Montréal. Je suis très touchée par ce que j’ai vu dans les trois classes que j’ai visitées. J’ai été vraiment impressionnée par l’écoute attentive des élèves, par leurs enseignants, qui font un travail remarquable, et par la simplicité avec laquelle ces derniers enseignent ce nouveau cours. Les élèves ont été formidables. Ils ont très bien répondu aux questions qu’on leur a posées”, nous a dit la Ministre Michelle Courchesne.

L’Académie Solomon Schechter est la seule école juive participant à la mise en place de ce projet éducatif. C’est la première école au Québec que Michelle Courchesne a visitée pour mesurer tangiblement le degré d’avancement de ce Programme.

“J’ai parcouru le cours, je commence à approuver des manuels, j’ai rencontré des enseignants et des enseignantes chargés de donner ce cours, mais je n’avais pas visité jusqu’ici d’autres écoles qui enseignent de manière expérimentale ce cours. Solomon Schechter est la première.”

D’après la Ministre, l’Académie Solomon Schechter est “un modèle à suivre”.

“Solomon Schechter a réalisé un travail fantastique. L’ouverture des dirigeants, des enseignants et des parents des élèves de cette École à l’égard de ce projet éducatif a permis de faire des grandes avancées dans le processus d’implantation de celui-ci. Les élèves que j’ai rencontrés m’ont paru très intéressés par ce nouveau cours.”

L’enseignement de ce nouveau Programme est “un défi immense et un changement très important au niveau du curriculum scolaire” pour toutes les écoles publiques et privées du Québec, reconnaît-elle.

“Pour moi, ce nouveau cours est à la base du mieux vivre ensemble. Quand on connaît l’Autre, quand on comprend l’Autre, on est plus tolérant. Quand on connaît l’Autre, on le comprend mieux. Et, quand on comprend les rites religieux, les traditions et la culture de l’Autre, les peurs, les craintes et les préjugés s’amenuisent.”

La Ministre de l’Éducation est bien consciente que ce nouveau cours d’Éthique et Culture religieuse ne suscite pas l’unanimité. Des écoles et des communautés religieuses ont exprimé de sérieuses réserves à l’endroit de ce projet pilote pédagogique.

“La réticence envers ce cours provient surtout des régions. Il y a de la résistance, mais je suis très confiante que lorsque nous donnerons toutes les informations nécessaires et lorsque ce cours existera officiellement, nous surmonterons ces difficultés. Il y a des malaises, mais il y a aussi de l’incompréhension, notamment en ce qui a trait à la finalité de ce nouveau Programme.”

Michelle Courchesne “comprend” les craintes invoquées par des groupes religieux catholiques, juifs, musulmans…

“C’est la crainte, la peur de perdre  des valeurs et des références. Certains craignent de perdre une partie de soi-même comme individu, comme membre d’une communauté, comme pratiquant d’une religion, peu importe laquelle. C’est une peur légitime que je comprends. Mais, par ailleurs, il y a au Québec une évolution sociale importante et inéluctable. En 2001, les élus de l’Assemblée Nationale du Québec ont décidé unanimement que les écoles ne seraient plus confessionnelles, religieuses. Je parle des écoles publiques avant tout. Cette décision capitale a été prise bien avant l’amorce du débat sur les “ Accommodements raisonnables”. Mais la population québécoise a oublié ça. Elle n’a pas réalisé ce que ça voulait dire passer des écoles confessionnelles religieuses à des écoles linguistiques. La population n’a pas réalisé l’impact de ce changement social majeur.”

Comment compte-t-elle s’y prendre pour convaincre les groupes très réfractaires à l’enseignement de ce nouveau cours? Le ministère de l’Éducation a-t-il concocté un Plan B pour atténuer leurs craintes lancinantes?

“Notre Plan B fait partie de notre Plan A. C’est-à-dire qu’il faut informer, informer, informer… et réinformer les plus récalcitrants. Des dépliants expliquant les objectifs de ce nouveau cours vont être envoyés à tous les parents, une excellente vidéo explicative sera remise à toutes les Commissions scolaires et à toutes les écoles.”

En 2005, le revirement inopiné du gouvernement Charest dans le dossier du financement à 100% des écoles juives privées a jeté un froid dans les relations entre la communauté juive et le gouvernement du Parti libéral du Québec. Depuis, ces relations se sont-elles améliorées?

“Il y a eu une période difficile. Je pense qu’il y a eu un très grand malentendu collectif, de part et d’autre, dit-elle. Maintenant, ce que je comprends, c’est que nous tournons la page. Désormais, notre souhait commun est de travailler tous comme participants à part entière à la société québécoise, comme Québécois et Québécoises. Aujourd’hui, ça a été réaffirmé avec force. Les membres de la communauté juive sont d’abord et avant tout des Québécois et des Québécoises qui sont installés au Québec depuis très longtemps.”

D’après Michelle Courchesne, les relations entre le ministère de l’Éducation du Québec et l’Association des Écoles juives de Montréal sont “excellentes”.

“L’Association des Écoles juives participe à plusieurs Comités consultatifs sur l’enseignement privé. La communauté juive a participé à la grande étude menée par la Commission sur les Affaires religieuses pour élaborer ce nouveau cours. La communauté juive a toujours accepté de participer à toutes les consultations et à toutes les élaborations de nouveaux Programmes. Votre communauté a toujours eu une attitude très positive et constructive.”

Le fait le plus marquant cette année dans les relations entre le ministère de l’Éducation du Québec et l’Association des Écoles juives: toutes les écoles juives ont fait des demandes de permis pour légaliser leur situation.

“C’est un pas immense et important pour l’ensemble du Québec”, dit-elle.

Michelle Courchesne est optimiste pour ce qui est des perspectives d’avenir de ce nouveau cours d’Éthique et Culture religieuse.

“Ce cours favorisera l’ouverture, l’acceptation et la compréhension de l’Autre. Il a pour objectif de nous aider à mieux vivre ensemble dans le respect des valeurs québécoises. On va suivre de très près son implantation. Il y a plus de quatre cents formateurs qui parcourent en ce moment le Québec pour former les enseignants et les enseignantes qui dispenseront ce cours.”

À la fin de sa visite de l’Académie Solomon Schechter, la Ministre de l’Éducation a rencontré les dirigeants de l’Association des Écoles juives de Montréal.

In an interview, Michelle Courchesne, minister of education, leisure and sports, talks about her recent visit to Solomon Schechter Academy to observe the school’s implementation of a pilot project to replace moral education programs with a course on ethics and religious culture that will be introduced in all Quebec schools in September.