“Désapprendre l’intolérance”, c’est le grand tour de force qu’ont accompli soixante élèves de sixième année du Primaire, âgés de onze et douze ans, de trois écoles montréalaises en étayant, par le biais de textes écrits et de dessins, leurs visions hétéroclites d’un monde exempt de racisme, de discriminations, d’intolérance, de sexisme, d’homophobie…
Des élèves des classes de sixième année du Primaire de l’Académie
Solomon Schecter ont participé au Projet éducatif et d’écriture
“Désapprendre l’intolérance”. De gauche à droite: Yael Ezerzer, Liane
Faingold, Noïa Chalom, David Gabbay et Jacob Bettan.
Les enfants qui ont pris part à ce projet d’écriture ont été invités à rédiger un texte de fiction, poétique ou d’opinion sur l’un des quatorze motifs de discrimination définis dans l’Article 10 de la Charte québécoise des Droits et Libertés de la Personne. Plusieurs ont préféré le dessin à l’écrit. D’autres ont choisi le slogan, le cri du coeur, la phrase coup-de poing…
Ces textes et dessins ont été consignés dans un ouvrage intitulé “Désapprendre l’intolérance”, publié aux Éditions CIDHCA, dont le lancement a eu lieu récemment au Centre Communautaire de Côte-Des-Neiges.
Gaetan Cousineau, président de la Commission des Droits de la Personne et de la Jeunesse du Québec, a été le président d’honneur de cet événement.
Adam Atlas, président du Congrès Juif Québécois, s’adressa aussi à l’assistance pour féliciter les concepteurs de ce projet d’écriture qui a rapproché des élèves Québécois de différentes origines ethniques et culturelles.
La Salle des fêtes du Centre Communautaire Côte-Des-Neiges était archicomble pour l’occasion. Les élèves dont les textes et les dessins ont été publiés dans ce recueil, leurs parents, amis, professeurs… étaient présents à ce lancement, qui a eu lieu dans le cadre de l’édition 2010 de la Semaine d’Action contre le Racisme.
Le Congrès Juif Québécois, la Fondation Alex et Ruth Dworkin, administrée par la Fondation Communautaire Juive de Montréal, le Projet FAST -Combattre l’antisémitisme ensemble- et l’Alliance Israélite Universelle ont été les principaux partenaires de ce projet éducatif.
150 élèves de trois écoles, l’Académie Solomon Schecter de Montréal, l’École du Bois-Joli de Laval et l’École Enfant-Soleil de Ville Saint-Laurent, ont participé à cette aventure littéraire, sous la supervision de leurs enseignantes de français respectives: Danielle Bergeron, Christiane Chevrette, Louise Lefebvre et Geneviève Marcoux. Seuls les textes originaux écrits dans un français impeccable ont été retenus pour publication.
Le principal maître d’oeuvre de cet ambitieux et remarquable projet éducatif est Maurice Chalom, cofondateur, avec Alix Laurent, de la Semaine d’Action contre le Racisme et spécialiste chevronné des questions interculturelles.
“Immigrés ou nés au Québec, issus de milieux divers et embrassant différentes cultures, religions et modes de vie, les auteurs de cet ouvrage s’adressent autant aux enfants qu’aux adultes. Ils nous racontent l’inconfort face à la différence et la peur de l’Autre. Ils dénoncent l’intolérance, le sexisme, le racisme et l’homophobie. Ils nous dessinent un monde où la différence ne serait plus perçue comme une tare et un écueil à la convivialité. En plus de proposer une réflexion éthique sur l’altérité et la recherche du dialogue, le désir de compréhension et la quête d’ouverture sont au coeur de ce recueil”, explique Maurice Chalom dans la préface de ce recueil de textes.
À travers ces textes, qu’ils soient poétiques, ou des textes d’opinion, de fiction, ces jeunes auteurs rêvent d’une société qui promeut le vivre ensemble, ajoute-t-il.
“Paroles d’enfant. Un peu à la manière d’une parole donnée, d’une parole d’honneur, quand on affirme son engagement, sa volonté de faire. Ils font de même avec leurs mots parfois naïfs, toujours tendres, justes et sensibles. Authenticité de l’innocence. Ces jeunes ont la préoccupation de dire vrai, sans détours, et nous offrent un florilège de sensibilités, de générosité et de bonheurs. Une bouffée d’oxygène et une ode à l’amitié. Un extraordinaire pari sur l’avenir.”
Robert Kleinman, directeur général de la Fondation Communautaire Juive de Montréal, rend dans le livre un grand hommage aux artisans de ce projet éducatif et littéraire très original.
“Votre ouvrage est le prolongement d’une aventure appelée Québec, véritable arc-en-ciel de cultures, de personnalités, de croyances et de talents. Cette diversité fait l’humanité du Québec: plurielle et changeante, elle est à la base de notre société, de notre Communauté, de nos individualités. Le Québec est une maison commune en construction permanente. Ses piliers sont les responsabilités individuelles, la tolérance, les libertés d’opinion et de conscience, la connaissance de l’Autre et de soi… L’Éducation est le fondement de notre démocratie plurielle. L’École en est son Temple et son miroir. Être Québécois et Juif, Chrétien, Musulman ou Bouddhiste, c’est une richesse pour l’individu et pour la société québécoise. Merci de nous rappeler cette évidence”.
Elizabeth et Tony Comper, coprésidents du Projet FAST, dont le but est de combattre l’antisémitisme, ont tenu aussi à souligner la contribution importante des précurseurs de ce projet éducatif à la lutte contre le racisme et la discrimination.
“Combattre l’intolérance, ce n’est pas gommer les différences, c’est les mettre en valeur au nom d’une humanité commune. C’est rappeler qu’une identité est d’abord la somme de multiples identités. Dans cette perspective, les textes poétiques, d’opinion et de fiction rassemblés dans ce recueil sont porteurs d’espoir. En effet, de jeunes Québécois d’horizons et de confessions divers, dirigés de main de maître, nous expliquent que défendre la dignité humaine revient à rejeter toute forme de discrimination raciale ou sociale. Acceptons avec humilité cette leçon d’humanité et les efforts déployés par tous les acteurs pour faire tomber les barrières érigées dans les esprits et dans les coeurs.”
A collection of art, poetry and stories by Grade 6 students in three schools, who created the works for a school program on “Unlearning Intolerance,” was recently launched.