Une grande star d’Israël, Mosh Ben Ari

Une grande star de la chanson israélienne, Mosh Ben Ari, se produira à Montréal, en première nord-américaine, dans le cadre du Festival Séfarad 2008. Une manifestation culturelle organisée annuellement par la Communauté séfarade unifiée du Québec.

Accompagné par des musiciens chevronnés, Mosh Ben Ari donnera un seul concert, mercredi 18 juin, à 20h, au Club Opéra -32 rue Sainte-Catherine Ouest-.

Entrevue avec un chanteur et compositeur très talentueux, qui enflamme la scène musicale israélienne depuis plusieurs années.

Canadian Jewish News: Présentez-vous à nos lecteurs.

Mosh Ben Ari: Je suis né en 1970 à Afula, une ville du Nord d’Israël. Mon père est d’origine irakienne, ma mère est née dans une famille “mixte”, d’un père yéménite et d’une mère russe. Comme beaucoup de Sabras de ma génération, j’ai grandi dans un Israël très multiculturel. Je suis en quelque sorte le produit de la symbiose de la culture sépharade, que mes ancêtres yéménites et irakiens m’ont léguée, et de la tradition culturelle ashkénaze, que mes aïeux russes ont préservé fougueusement en dépit des vicissitudes de l’Histoire, qui n’a jamais été très tendre avec eux.

Ce multiculturalisme vibrant et très bigarré, c’est la beauté et le grand atout de ce merveilleux petit pays qu’est Israël. Cette mosaïque interculturelle qu’est la société israélienne contemporaine a profondément marqué et inspiré mes oeuvres musicales.

C.J.N.: Quand, et dans quelles circonstances, avez-vous décidé de devenir musicien et chanteur?

M. Ben Ari: J’ai découvert l’univers de la musique à l’âge de 16 ans, à travers les chants juifs traditionnels, qui faisaient partie intégrante de ma vie quotidienne. J’ai ensuite suivi des cours de musique. J’ai appris à jouer plusieurs instruments musicaux: la guitare, le Tar iranien -un luth à long manche-, le Sarod indien -un luth à touche lisse-, le Jumbush turc -un instrument de percussion-…

En 1997, j’ai fondé avec quelques amis un groupe musical, Sheva. Nous avons enregistré quatre albums et donné des spectacles dans de nombreux pays. En 2001, j’ai décidé de me produire en solo. J’ai enregistré un premier album, Ad Elay, qui a été très bien accueilli par le public israélien. En 2004, mon deuxième album solo, Derech, a connu un grand succès qui m’a valu mon premier Disque d’Or. En 2006, j’ai enregistré un troisième album, Massa Umatan, qui m’a beaucoup aidé à faire une percée au niveau international. Le spectacle que je présenterai à Montréal sera la première étape de ma première grande tournée nord-américaine.

C.J.N.: Quel type de musique et de chansons interprétez-vous?

M. Ben Ari: Ma musique, dont je suis le parolier et le compositeur, est le reflet de l’Israël de ce début du XXIe siècle. C’est une musique qui intègre diverses composantes culturelles. C’est un mélange de Groove -des variations ponctuelles dans les trames rythmiques-, de Rock, de Soul, de Reggae, de rythmes puisés dans les musiques du monde… C’est une musique très hétéroclite, à l’image de la société israélienne d’aujourd’hui.

Après soixante ans entièrement consacrés à édifier leur nation, les Israéliens ont décidé de vivre dorénavant au diapason de la mondialisation. Cette quête avide de “mondialisme”, on la retrouve aujourd’hui dans les créations culturelles, musicales, artistiques, littéraires… israéliennes. Les Israéliens souhaitent ardemment bâtir des ponts avec les autres peuples. L’époque du “grand ghetto” est révolue.

C.J.N.: Quels thèmes abordez-vous dans vos chansons?

M. Ben Ari: Mes chansons abordent des thèmes universels, qui s’adressent au commun des mortels: l’amour; la vie; la fraternité; la misère et la détresse humaine qui sévissent dans le monde; la paix; la folie de la guerre; l’avenir des traditions à une époque où la mondialisation culturelle bat son plein; la pollution éhontée de notre planète…

Les thèmes de mes chansons rappellent avec force que nous, Israéliens, sommes aussi un peuple normal comme n’importe quel autre peuple vivant sur cette terre. Nous avons les mêmes préoccupations que les autres nations.

Les détracteurs de l’État d’Israël ne cessent de claironner que nous, les Juifs israéliens, sommes un peuple dangereux, fanatique, expansionniste… La réalité est tout autre. C’est vrai que nous avons aussi notre lot d’intégristes et de racistes. Mais, ces derniers sont très minoritaires dans la société israélienne. La majorité des Israéliens ne sont pas des religieux intégristes rêvant de chasser un jour les Palestiniens de leur terre mais, au contraire, des êtres hédonistes, laïcs -tout en étant très attachés aux principales traditions juives- et épris de paix. C’est ce que je m’escrime à rappeler dans mes chansons.

C.J.N.: Êtes-vous un chanteur engagé politiquement?

M. Ben Ari: Non, je suis totalement apolitique. Je vous dirais même qu’à l’instar de beaucoup d’Israéliens, je suis très allergique à la politique. En Israël, le monde politique est en pleine décrépitude. C’est un désastre et une honte! Il n’y a qu’à rappeler les nombreuses affaires de corruption dans lesquelles sont actuellement empêtrés des politiciens israéliens. Je suis résolument convaincu que les solutions pour résoudre nos problèmes viendront du peuple et non des politiciens.

Je suis un partisan inconditionnel de la “démocratie participative”, qui, malheureusement, est quasi inexistante dans le système politique israélien. On élit des députés pour quatre ou cinq ans, on leur signe un chèque en blanc, et ils font ensuite ce qui bon leur semble, sans consulter le moindrement les citoyens. Il faut en finir avec ce type de démocratie! C’est le peuple qui devrait avoir le dernier mot sur des questions capitales pour l’avenir d’Israël.

C.J.N.: Comment envisagez-vous l’avenir d’Israël?

M. Ben Ari: Je suis très optimiste en ce qui a trait à l’avenir d’Israël. En l’espace de six décades, nous avons bâti un pays moderne, ingénieux et audacieux, qui s’est taillé une place dans le concert des nations. Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, peut continuer à prôner la destruction d’Israël. La réalité est qu’Israël a aujourd’hui des relations diplomatiques avec plus de 160 pays. Cette réalité ulcère Ahmadinejad. Je suis convaincu que, tôt ou tard, nous parviendrons à la paix avec les Palestiniens. Israël est un pays fascinant. C’est un laboratoire humain bouillonnant, qui devrait servir de modèle au reste du monde, surtout à une époque où l’interculturalisme est une grande priorité pour les nations occidentales. Je ne pourrais vivre nulle part ailleurs.

In an interview, Israeli musician Mosh Ben Ari talks about his upcoming concert in Montreal June 18 as part of Séfarad 2008, one stop in his first North American tour.