Lucienne Namer n’a jamais oublié son Liban natal.
Cette ex-enseignante au Cégep Vanier, aujourd’hui à la retraite, qui émigra au Canada en 1964, est vivement émue quand elle évoque le Beyrouth de son enfance.
Une ville ravagée par des Guerres meurtrières, dont plusieurs quartiers, entièrement reconstruits, sont aujourd’hui méconnaissables, constata de visu Lucienne Namer au cours de son dernier voyage au Liban, en 2010.
“J’étais très réticente à effectuer ce voyage au Liban. J’ai perdu souvent mes repères lorsque je sillonnai certains quartiers de Beyrouth. J’ai retrouvé par moments le Beyrouth que j’ai connu et, en même temps, j’ai vu les cicatrices et les plaies béantes que des guerres très dévastatrices ont laissées dans cette ville. Pour moi, c’était une situation crève-cœur. Des Projets urbanistes très avant-gardistes, mis en branle par l’ancien Premier Ministre libanais assassiné, Rafic Hariri, ont métamorphosé de nombreux quartiers de Beyrouth…”, raconta Lucienne Namer lorsqu’elle commenta des photos qu’elle a prises durant son séjour au Liban en 2010.
Lucienne Namer a été l’une des participantes à un Panel ayant pour thème “Les Juifs du Liban d’hier à aujourd’hui”, organisé par le Comité francophone de la Bibliothèque Publique Juive de Montréal.
Parallèlement à cette Table ronde, une très belle Exposition retraçant 100 ans de la riche Histoire des Juifs du Liban a été présentée dans le Hall d’entrée de la FÉDÉRATION CJA de Montréal.
La Communauté juive du Liban s’est rétrécie numériquement comme une peau de chagrin. Au début des années 60, quelque 8000 Juifs vivaient au Liban. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une douzaine d’Israélite au pays des Cèdres.
Gabrielle Elia a été l’initiatrice et l’une des principales conceptrices de cette superbe Exposition dédiée au Judaïsme libanais constituée de photos et d’artefacts appartenant à des Juifs natifs du Liban vivant aujourd’hui à Montréal.
Gabrielle Elia quitta définitivement le Liban en 1965. Elle est l’auteure d’un très beau livre autobiographique illustré, Les Funambules. Chronique des Juifs du Liban de 1925 à 1975.
Lors de son intervention dans ce Panel, Gabrielle Elia évoqua des périodes charnières de l’Histoire de la Communauté juive du Liban, pays appelé jadis la “Suisse du Moyen-Orient”.
Pérenniser leur Héritage ancestral millénaire est “un souci constant » et une “priorité fondamentale” pour les Juifs natifs du Liban établis aujourd’hui au Canada, rappela Gabrielle Elia.
“Les Juifs libanais s’escriment à maintenir vivante la langue -l’arabe-, l’humour et la cuisine du Liban, dit-elle. Nous essayons de transmettre à nos enfants et petits-enfants notre magnifique Héritage tout en essayant de leur offrir des ailes pour qu’ils puissent voler vers des cieux plus cléments et un avenir plus insoucieux que ceux que leurs parents ont connus durant les dernières années de leur vie au Liban.”
L’éducateur et critique de Cinéma Maurice Elia, auteur d’un très beau roman autobiographique intitulé Dernier Tango à Beyrouth, rappela qu’en dépit des vicissitudes de l’Histoire qui contraignirent les Juifs libanais à quitter leur contrée natale, la grande majorité d’entre eux continuent à être “très attachés” au Liban.
“Les Juifs libanais aiment se proclamer Libanais avant de se dire Juif. Ils gardent des beaux souvenirs de leur vie au Liban, dit-il. Il existe en chaque Libanais un désir d’harmonie qui doit sans doute remonter aux Temps bibliques. Les habitants du Liban, pays qui a vu naître le premier Livre, vont toujours proclamer haut et fort qu’ils existent, qu’ils sont forts, inébranlables et toujours ouverts à toutes les Cultures.”
L’éditeur Gabriel Politis, qui quitta définitivement le Liban en 1968, évoqua des moments clés de l’Histoire des Juifs libanais et retraça les origines de la Communauté juive de sa ville natale, Saïda.
Le Panel et l’Exposition dédiés à l’Histoire des Juifs du Liban ont été organisés par le Comité francophone de la Bibliothèque Publique Juive de Montréal en collaboration avec l’Alliance Israélite Universelle Canada.
Depuis 1869, année de l’ouverture de la première École de l’Alliance Israélite Universelle au Liban, jusqu’à 1975, l’Alliance Israélite Universelle a dispensé une éducation d’excellente qualité à plusieurs générations de jeunes Juifs libanais.
“L’Alliance Israélite Universelle a occupé une place prépondérante dans l’Histoire de la Communauté juive libanaise. La première École de garçons de l’Alliance Israélite Universelle au Liban fut créée à Beyrouth en 1869. Dix ans plus tard, un École de filles ouvrit ses portes dans cette ville. En 1902, l’Alliance Israélite Universelle ouvrit une École primaire à Saïda. Au Liban, l’Alliance Israélite Universelle a connu un grand essor dans les années 60. En 1966, près de 1227 élèves fréquentaient les Écoles de l’Alliance Israélite Universelle établies au Liban. En 1975, l’Alliance Israélite Universelle décida de fermer ses Écoles au Liban après le déclenchement de la Guerre civile qui dévasta ce pays. D’excellents pédagogues ont marqué l’Histoire de l’Alliance Israélite Universelle au Liban”, rappela Philippe Elharrar, Directeur général de l’Alliance Israélite Universelle Canada, lors de son allocution introductive.
A panel on the history of the Jews of Lebanon recently took place at the Jewish Public Library in Montreal, where speakers were natives of that country.