“My Working Week” -“Ma Semaine de travail”- était le titre de la chronique hebdomadaire que Margaux Chetrit a signée pendant un an et demi dans les pages du quotidien israélien de langue anglaise The Jerusalem Post.
Margaux Chetrit
Cette chronique journalistique à caractère social a permis à cette jeune Sépharade montréalaise de découvrir une pléthore de facettes méconnues de la société israélienne. Ses choix d’interviews étaient très hétéroclites: des Israéliens et des Israéliennes provenant de tous les milieux socio-économiques, professionnels, culturels, religieux… Politiciens, serveuses de restaurant, acteurs, chauffeurs de taxi, écrivains, femmes de ménage dans des hôtels, chômeurs, Juifs orthodoxes, militantes laïques… lui ont livré leurs vues sur la société israélienne de cette première décade du XXIème siècle.
“Ça a été une expérience journalistique fabuleuse, lance en entrevue Margaux. À travers leur vécu quotidien, des Israéliens et des Israéliennes, ayant souvent des opinions diamétralement opposées, m’ont donné l’opportunité de découvrir socialement et de mieux comprendre ce pays fascinant qu’est Israël. Ces rencontres très enrichissantes m’ont appris beaucoup plus de choses sur les réalités sociales et culturelles d’Israël que ce que j’aurais pu apprendre dans des cours d’histoire ou de sociologie sur l’État hébreu.”
Le journalisme passionne Margaux. Pourtant, rien ne la prédestinait à travailler un jour dans ce créneau.
Diplômée de l’École Talmud Torah de Ville Saint-Laurent et du Collège Marianopolis de Montréal, elle a ensuite entamé des études à l’Université McGill, où elle a obtenu un Baccalauréat en Psychologie et un Baccalauréat en Études juives. À l’été 2006, quelques semaines après la Guerre du Liban, elle décide de s’établir en Israël pour poursuivre des études de Maîtrise en Éducation à l’Université Hébraïque de Jérusalem.
“J’avais visité Israël plusieurs fois, dans le cadre de programmes d’été organisés par l’École Talmud Torah et la Communauté juive institutionnelle de Montréal. Mais, je voulais vivre absolument une vraie expérience israélienne, dit-elle. Or, je crois qu’on ne peut vivre ce type d’expérience que si on établit ses pénates en Israël pendant quelque temps. Le Sionisme a toujours fait partie de l’héritage culturel et religieux de ma famille. Au Maroc, avant la création de l’État d’Israël, à l’époque du mandat britannique sur la Palestine, mon grand-père paternel faisait lire à ses clients dans son restaurant des journaux juifs qu’on lui envoyait de Tel-Aviv. Mon père, Gaby, est aussi un fervent Sioniste. J’ai grandi dans une famille ultra-Sioniste, très attachée à l’État d’Israël.”
À Jérusalem, après avoir travaillé comme assistante de recherche pour un professeur à l’Institut Rothberg en Éducation de l’Université Hébraïque de Jérusalem, Margaux se familiarise avec les arcanes de la politique israélienne en effectuant un stage au bureau de la Knesseth du Christian Allies Caucus, un groupe parlementaire, présidé alors par le député Benny Alon, ayant pour mandat de renforcer les liens entre l’État d’Israël et les groupes chrétiens dans le monde, particulièrement aux États-Unis. Dans le cadre de ses fonctions de stagiaire au Christian Allies Caucus, elle a rédigé des discours et écrit plusieurs chapitres de livres consacrés aux relations entre Israël et le monde chrétien.
Durant son séjour en Israël, Margaux a résidé à Har Adar, un quartier cossu situé dans la banlieue de Jérusalem. Sa maison était localisée en face d’un complexe d’habitations arabes.
“Je ne suis pas une gauchiste, mais une Sioniste réaliste. Depuis ma fenêtre, j’ai pris conscience des difficultés quotidiennes auxquelles font face les Palestiniens. Ce n’est pas une sinécure pour eux de rentrer chaque jour en Israël. Chaque matin et chaque soir, je voyais ce qu’ils devaient endurer dans les points de contrôle israéliens. Je comprends parfaitement que les Israéliens ont des impératifs sécuritaires. Mais je dois vous avouer que quand je voyais ces scènes très dérangeantes, mon optimisme n’était pas à son paroxysme!”
Margaux encourage tous les jeunes Juifs et Juives montréalais souhaitant vivre une “vraie” expérience israélienne à s’envoler incessamment vers la Terre promise, sans hésiter un seul instant.
“Je leur recommande fortement de prendre leur courage par les cornes et de partir en Israël six mois, un, deux, trois… ans. Chose certaine, c’est une décision, souvent difficile à prendre car quitter les siens ce n’est pas évident, qu’ils ne regretteront jamais. Vivre en Israël, c’est une expérience de vie magnifique. C’est une manière intelligente de découvrir et tisser des liens avec un pays extraordinaire d’une richesse culturelle inouïe. Vivre en Israël, c’est comprendre très concrètement tout ce qu’on nous a appris à l’école juive et à la Synagogue depuis que nous étions enfants.”
Pays constamment menacé par des voisins belliqueux, société confrontée à de nombreux problèmes et défis socio-économiques, certains disent que l’intégration sociale en Israël est une expérience ardue. Partage-t-elle ce point de vue catégorique?
“Pas du tout, répond Margaux. Ce n’est qu’une rumeur hélas persistante et une perception erronée de ce qu’est la réalité sociale israélienne. Il est indéniable que la société israélienne colporte son lot de problèmes sociaux, économiques, religieux -le clivage, très ostensible, entre Juifs orthodoxes et laïcs… Mais, en Israël, il y a un sens de la solidarité et de la fraternité qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Dans les moments difficiles, alors que ma famille me manquait énormément, je ne me suis jamais sentie seule. Tous les Shabbats et les fêtes juives j’étais invitée. J’étais toujours entourée par des personnes très affectueuses. Je me suis faite beaucoup d’ami(e)s. Malgré les divergences, les clivages politiques ou idéologiques et les conflits internes qui lacèrent la société israélienne, Israël, c’est une belle famille très solidaire.”
À 25 ans, cette Sépharade polyglotte, qui se définit comme “très éclectique”, a mis en branle il y a un an un projet, qui lui tenait très à coeur, que certains des ses proches qualifient sans aucune gêne de “fou”, confie-t-elle en s’esclaffant: une Agence matrimoniale internationale, qu’elle a baptisée en anglais Three Matches -A sophisticated dating concept- (Site Web: www.threematches.com), qui s’adresse à une clientèle juive très aisée financièrement.
Ce projet, qu’elle a initié avec sa mère, Nicole Acoca, lui a déjà valu une long article, intitulé “Who wants to marry a millionaire?”, publié à la une de l’édition du Jerusalem Post du 28 juin dernier.
L’Agence Three Matches est en train de constituer un réseau de rencontres international grâce à ses antennes, déjà opérationnelles, sises à Montréal, New York, Miami, Londres, Paris et Tel-Aviv.
“Three Matches se distingue par sa sophistication. Dans les services offerts par plusieurs Agences de rencontres juives, c’est le cas de J-Date, les contacts préliminaires entre deux âmes solitaires se font uniquement par le truchement d’Internet. À Three Matches, je rencontre longuement personnellement tous les clients et clientes potentiels. Ces rencontres personnalisées nous permettent ensuite de faire des matches -rencontres- répondant aux attentes des personnes recourant à nos services”, précise-t-elle.
Margaux est heureuse de pouvoir “aider des hommes et des femmes qui vivent souvent une profonde solitude”.
“Les relations humaines m’ont toujours fascinée. C’est pour cela que j’ai fait à l’université des études en Psychologie. J’aime les projets emballants où il y a des défis à relever. Sincèrement, je ne me voyais pas assise toute la journée dans un bureau effectuant des tâches répétitives et ennuyantes. Ça, ce n’est pas exactement moi!”, confie-t-elle.
De ses expériences à la tête de l’Agence Three Matches, elle compte écrire un livre et mettre en ligne bientôt sur Internet un Blog, où elle égrènera ses réflexions sur ce sujet complexe et fort épineux que sont les relations entre hommes et femmes.
Envisage-t-elle de faire un jour son Aliya?
“Absolument. C’est un projet qui trotte dans ma tête depuis longtemps. L’essentiel, c’est d’avoir toujours dans la vie des projets ambitieux. Aller vivre définitivement en Israël, c’en est sûrement un!”, conclut Margaux en arborant un sourire radieux.
In an interview, Montrealer Margaux Chetrit talks about her experience living in Israel and her new Internet introduction service, Three Matches.