Sur une scène musicale, Yaël Bensoussan a l’étoffe d’une vraie pro. Accompagnée de trois musiciens chevronnés, cette talentueuse chanteuse et compositrice de 22 ans interprète avec brio et beaucoup d’aisance les mélodies qu’elle concocte.
Yaël Bensoussan
Dotée d’une oreille musicale impressionnante, elle a appris à jouer de la guitare d’une manière autodidacte, par le truchement d’Internet.
“J’ai grandi dans une famille sépharade très mélomane. Pour moi, la musique n’est pas un hobby, c’est une grande passion. Je n’ai jamais suivi des cours de solfège. J’écris et joue mes chansons à l’oreille. Je compose des mélodies avec des accords musicaux de base. Ensuite, mon excellent guitariste, Alexandre Bonneau, un brillant orchestrateur, fait les arrangements musicaux nécessaires et les peaufine pour conférer plus de tonus à mes chansons”, précise Yaël en entrevue.
Parallèlement à sa carrière musicale, qu’elle a amorcée il y a trois ans, cette ancienne élève de l’École Maïmonide et du Collège Jean-de-Brébeuf poursuit actuellement des études supérieures à l’Université de Montréal, où après avoir obtenu un Diplôme en Orthophonie elle a entamé cet automne des Études de Médecine.
Où trouve-t-elle l’énergie et la motivation nécessaires pour mener de front simultanément une carrière musicale et des études universitaires très exigeantes?
“Pour le moment, ce n’est pas un dilemme pour moi. Le choix entre les deux ne se pose pas. Peut-être qu’un jour je devrais choisir. La musique et mes études universitaires de Médecine, que je tiens absolument à compléter, font partie intégrante de ma vie. J’essaye de combiner les deux du mieux que je peux. Il est vrai que si j’avais plus de temps, je suivrais certainement des cours de musique, de piano, de guitare…”
Yaël a forgé un répertoire musical original, riche et varié qui compte déjà une vingtaine de chansons. Quatre de ses compositions musicales ont déjà été enregistrées sur un Disque CD et sont jouées régulièrement par des radios francophones au Québec et au Canada, notamment Un aller simple et Les Amoureux. Elle travaille actuellement avec son équipe de musiciens sur l’enregistrement d’un nouveau Disque CD, qui comprendra cette fois-ci douze chansons.
Parolière très inventive, Yaël accorde une grande importance à la qualité de la syntaxe des textes des chansons qu’elle compose. Les thèmes qu’elle aborde dans ses chansons -l’amour, la famille, l’amitié, la vieillesse, les ravages du temps qui passe…- sont-ils nourris par ses expérience de vie?
“C’est certain qu’ il y a des éléments autobiographiques dans mes chansons. Mais à 22 j’ai encore beaucoup de choses à vivre!, lance-t-elle en s’esclaffant. Quand je compose une chanson, je pars d’un sentiment qui m’habite ou d’une histoire que quelqu’un m’a racontée qui m’a beaucoup marquée. Pour moi, une chanson a besoin d’exprimer des sentiments. Je construis toujours une histoire à partir d’une perception.”
Fortement influencée par la chanson française traditionnelle -elle est une grande fan de Charles Aznavour, de Claude Brassens… Yaël interprète ses chansons sur des rythmes musicaux variés: pop, méditerranéen, classique…
Son style musical est plutôt hétéroclite?
“Absolument. Je n’ai pas un style musical homogène. Au Québec, quand un chanteur ou une chanteuse est issu(e) d’une Communauté culturelle, il, ou elle, court le danger de se faire étiquetter “Musique du monde”. Moi, qui suis née à Montréal, je ne fais pas de la “Musique du monde”, que j’adore par ailleurs. Mais comme je m’appelle Yaël, que j’ai accent français et que je suis Marocaine, on me présente souvent dans les milieux musicaux québécois comme une chanteuse Marocaine cataloguée à l’enseigne “Musique du monde”. Je suis très fière de mes origines sépharades et marocaines. Mais, pour moi, une chanteuse Marocaine fait de la musique arabe marocaine. Moi, je me considère comme une chanteuse francophone montréalaise. Je ne fais pas de la “Musique ethnique” ni de la “Musique du monde”. J’aimerais qu’on m’“étiquette” musicalement correctement!”
Yaël est aussi une bénévole communautaire remarquable.
Ancienne présidente du Centre Hillel et de la Section de cette Association étudiante juive francophone au Collège Jean-de-Brébeuf, elle a été en 2008 la récipiendaire de deux prestigieuses distinctions communautaires: le Prix du Leadership étudiant de la Famille Rosenthal, qui lui a été décerné par la FÉDÉRATION CJA, et le Prix du Leadership communautaire Jeunesse James Dahan Z.’L.’, qui lui a été décerné par la Communauté sépharade unifiée du Québec.
Elle exhorte les jeunes Sépharades à s’impliquer au niveau communautaire car elle est résolument convaincue qu’“une Communauté ne peut avoir un avenir prometteur que si ses jeunes sont présents et actifs en son sein.”
Le discours tenu par les leaders de la Communauté sépharade, “empreint de nostalgie”, lui paraît “désuet et très déconnecté des réalités que les jeunes Sépharades vivent aujourd’hui”.
“J’adore ma Communauté. Mais je n’aime pas que celle-ci soit toujours si nostalgique du passé. Les leaders communautaires Sépharades vivent toujours dans le passé. S’il est vrai que des réalisations communautaires extraordinaires ont été accomplies ces cinquante dernières années, je crois par contre qu’il est temps de tourner définitivement la page de cette ère révolue et d’envisager le futur avec une autre perspective. Cultiver la nostalgie, ce n’est pas la recette miracle pour affronter les défis majeurs auxquels les Sépharades sont confrontés aujourd’hui. La question capitale que les Sépharades doivent désormais se poser est: Qu’est-ce qu’on veut faire maintenant? Le monde et les moyens de communication ont beaucoup changé. Il faut faire confiance aux jeunes Sépharades et cesser de leur dire qu’ils ne sont pas sérieux, donc incapables de prendre les rênes de leur Communauté.”
Yaël aimerait donner plus de récitals publics. Elle a participé plusieurs fois au Festival Sépharade de Montréal et, l’année dernière, au Festival Musical de Granby. En 2008, elle a été la lauréate du très coté Concours de Musique francophone Do-Mi-Sol.
D’après elle, le Festival Sépharade de Montréal est “un excellent tremplin” pour les jeunes chanteurs, artistes et créateurs culturels Sépharades québécois.
In an interview, singer songwriter Yaël Bensoussan talks about her music, her medical studies and her work in the community.