Adam’s Wall -Le Mur d’Adam-, le nouveau film du réalisateur montréalais Michael Mackenzie aborde frontalement un thème très épineux: les difficiles relations sentimentales entre un jeune Juif et une jeune Arabe à Montréal quand la poudrière du Moyen-Orient s’embrase.
Jesse Aaron Dwyre et Flavia Bechara, interprètes du film “Adam’s Wall” du réalisateur montréalais Michael Mackenzie.
Dans le Mile-End multiethnique de Montréal, au beau milieu d’une manifestation étudiante, Adam, un adolescent Juif orthodoxe, et Yasmine, une jeune Libanaise chrétienne orthodoxe, tombent amoureux. Mais Adam est vite confronté aux sentiments négatifs de son grand-père, un Rabbin orthodoxe, qui voit d’un très mauvais oeil la relation de son petit-fils avec cette fille d’origine arabe. Au même moment, les conflits au Moyen-Orient reprennent de plus belle. La vie de Yasmine sera profondément bouleversée quand elle apprend la disparition de sa mère dans un Beyrouth ravagé de nouveau par la guerre…
Assombrie par les différends entre leurs familles respectives, la relation des deux jeunes amoureux sera rudement mise à l’épreuve. Des souvenirs enfouis surgissent, des vérités ardues sont révélées…
En déroulant un Érouv, un fil symbolique pour unir les maisons de leur quartier, Adam et Yasmine parviendront-ils à abattre les murs très étanches qui les séparent? Toute une gageure!
Montréal est le principal personnage de ce film très poignant.
“Adam’s Wall est un film sur la ville de Montréal et sur la façon dont ses Communautés immigrantes peuvent être affectées par des bouleversements politiques qui se déroulent à l’autre bout du monde. Ce film ne propose pas une solution concrète pour mettre un terme à un contentieux qui perdure depuis des lustres. Il raconte simplement une histoire d’amour qui nous donne à croire que des petits miracles peuvent parfois se produire. Et si vous croyez que de telles petites choses peuvent transformer deux familles montréalaises, c’est peut être que, malgré tous les problèmes qui déchirent le monde, une lueur d’espoir brille encore ici-bas. Ce film véhicule un message d’espoir: tout n’est pas perdu quand la guerre et la haine exacerbent les antagonismes entre des Communautés et des peuples”, explique en entrevue Michael Mackenzie.
Mais relater une histoire d’amour entre un adolescent Juif orthodoxe et une jeune Chrétienne orthodoxe, n’est-ce pas pas un choix scénique très délicat susceptible d’écorcher les sensibilités de deux Communautés fortement attachées à leur identité religieuse ancestrale?
“C’est vrai. C’est un choix délibéré à moi et au co-scénariste de ce film, Dana Schoel. Relater une histoire d’amour entre un jeune Juif orthodoxe et une jeune Musulmane pratiquante, ça aurait tout simplement renforcé un stéréotype déjà très tenace. Nous avons communément opté pour un choix plus nuancé et plus réaliste. Nous ne voulions pas raconter l’histoire de Roméo et Juliette à la sauce moyen-orientale! Il nous semblait que le cadre juif orthodoxe et le cadre libanais chrétien orthodoxe conféreraient plus de crédibilité à notre scénario. La spiritualité occupe une place très importante dans ce film. La foi permettra à Adam et à Yasmine de surmonter des épreuves existentielles très dures”, précise Michael Mackenzie.
Le réalisateur et le scénariste d’Adam’s Wall veulent-ils transmettre un message spécifique aux spectateurs par le biais de cette histoire d’amour impossible entre deux jeunes que leurs religions respectives séparent?
“Les spectateurs sont des êtres sensibles mais intelligents. Notre but n’est pas de leur transmettre un message ou de leur suggérer de faire une lecture différente des événements qui enfièvrent régulièrement cette grande poudrière qu’est le Moyen-Orient. Le seul message qu’on veut leur transmettre, c’est l’espoir. Quand des Communautés qui s’entre-déchirent ailleurs arrivent à dialoguer dans un terroir éloigné de la zone où le conflit fait rage, on arrive parfois à trouver un modus vivendi et des manières de cohabiter sans trop de heurts. Ce n’est pas facile, mais il faut essayer.”
Michael Mackenzie est convaincu que la riche tradition de dialogue interculturel qui existe à Montréal est un grand atout pour rapprocher des Communautés qui ne se côtoient pas et qui sont souvent divisées à cause de différends religieux, politiques ou idéologiques.
“Montréal est une ville interculturelle unique. À mon avis, en ces premières années du XXIe siècle, l’interculturalisme est la seule voie de l’avenir. L’interculturalisme aide à bâtir des ponts entre des Communautés qui ne se connaissent pas ou qui se boudent.”
Le rôle d’Adam est interprété avec brio par un jeune acteur ontarien, Jesse Aaron Dwyre. Le personnage de Yasmine est campé magistralement par une jeune actrice libanaise, Flavia Bechara.
Né à Londres et ayant vécu quelques années à New York, Michael Mackenzie a déjà réalisé plusieurs films et cosigné le scénario du film Le polygraphe du célèbre metteur en scène québécois Robert Lepage. Il est aussi l’auteur de plusieurs pièces de théâtre publiées et jouées en plusieurs langues sur les scènes de nombreux pays.
Adam’s Wall est actuellement à l’affiche.
Adam’s Wall, a film directed by Montrealer Michael Mackenzie and now in theatres, presents the love story of a young Orthodox Jewish man and a Christian Lebanese Arab girl.