Le futur Musée sépharade de Netanya est un projet mémoriel imposant qui s’est fixé une mission fort ambitieuse: retracer 1 000 ans de culture et d’histoire sépharades.
Unique en son genre, ce musée, d’une superficie de 5 000 mètres carrés, sera doté d’installations dernier cri qui mettront en valeur de nombreuses facettes méconnues de l’histoire des communautés sépharades.
L’édification de ce musée national est une initiative conjointe du Collège universitaire de Netanya et de la municipalité de cette ville, située à une trentaine de kilomètres au nord de Tel-Aviv.
Ce projet, dont le coût est estimé à environ 50 millions de dollars américains, compte sur le soutien du ministère de la culture d’Israël et d’importants philanthropes israéliens et de la Diaspora.
Le gouvernement d’Israël s’est engagé à financer ce projet à hauteur de 25 millions de dollars, à condition que cette somme soit couplée à un montant équivalent qui devra être recueilli auprès de donateurs et d’institutions privés.
Le Musée sépharade de Netanya remplira une double fonction: éducative et identitaire.
“Le Musée sépharade de Netanya est une reconnaissance des riches héritages historique et culturel sépharades. Nous sommes convaincus que ce musée contribuera à consolider l’identité israélienne car il va permettre aux jeunes Israéliens de souche ashkénaze de mieux connaître l’histoire d’une civilisation fabuleuse, celle du monde sépharade, dont sont issus la moitié des citoyens d’Israël. Le séphardisme est porteur d’une histoire et d’une culture très riches qui, en Israël, ont été marginalisées pendant plusieurs décennies. Il est grand temps de pallier cette grande injustice”, explique en entrevue le professeur Abraham Gross, directeur scientifique du Musée sépharade de Netanya.
Abraham Gross est une sommité dans le domaine des études sur l’histoire des Sépharades. Professeur émérite d’histoire à l’Université Ben Gourion du Néguev, il dirige actuellement l’Institut d’histoire des Sépharades et des Anoussim —Juifs convertis sous la contrainte à l’islam et au christianisme— du Collège universitaire de Netanya.
Par le truchement de techniques de présentation conventionnelles et de procédés multimédias sophistiqués —espaces virtuels déployés à travers des écrans tactiles interactifs—, le Musée sépharade de Netanya évoquera un millénaire d’histoire des communautés sépharades et orientales disséminées aux quatre coins de la planète.
Un ensemble de salles spacieuses et connexes plongera le visiteur dans le monde sépharade d’antan: l’âge d’or de l’Espagne médiévale, le déclin de la communauté sépharade hispanique et son expulsion de l’Espagne des rois catholiques, Isabel de Castille et Ferdinand d’Aragon, les épopées des Diasporas orientales en Perse, en Syrie, en Turquie, en Europe, au Maghreb…
Le visiteur découvrira aussi les parcours marquants et les œuvres littéraires et rabbiniques majeures des figures les plus illustres du monde sépharade.
Le musée abritera un vaste auditorium, une grande bibliothèque dotée de milliers de livres sur le séphardisme et l’histoire des communautés sépharades, un fonds documentaire unique, qui sera mis à la disposition des chercheurs scientifiques de tous les pays, un centre de musique ladino…
L’outil le plus avant-gardiste de ce musée sera certainement la fidèle reconstitution virtuelle d’une synagogue sépharade qui intégrera les rituels des différentes communautés sépharades.
Le Musée sépharade de Netanya aura une vocation pédagogique importante, souligne le professeur Abraham Gross.
“Les élèves de toutes les écoles d’Israël, et les jeunes soldats et soldates de Tsahal accomplissant leur service militaire, seront conviés à visiter le musée. Par ailleurs, nous souhaitons que les étudiants du Collège universitaire de Netanya le visitent aussi. Le volet éducatif occupera une place centrale dans les visites guidées et les programmes culturels qui seront proposés.”
Lors de leur bref passage à Montréal, le professeur Abraham Gross et Chanan Ziderman, coordonnateur de ce projet muséologique, ont présenté celui-ci à des leaders et à des groupes de la communauté juive.
Les principaux objectifs et les diverses phases de l’édification de ce musée ont été aussi exposés à la communauté sépharade lors d’une soirée du Festival Séfarad.
Une importante campagne de financement vient d’être lancée en Israël et auprès de plusieurs communautés de la Diaspora, notamment aux États-Unis, au Canada et en France.
Au Canada, le comité de soutien du Musée sépharade de Netanya est coprésidé par Aaron Pollack et Dorith Toledano. Le professeur David Bensoussan, ancien président de la Communauté sépharade unifiée du Québec (CSUQ), et Assaf Dror, un généreux philanthrope montréalais, sont aussi membres de ce comité de soutien.
Chanan Ziderman tient à transmettre ce message à la communauté juive de Montréal:
“La construction de ce musée dédié à l’histoire des Sépharades et à l’important apport de ces derniers à la civilisation juive suscite un grand engouement en Israël. Ce musée ne sera pas bâti uniquement pour rappeler aux Sépharades d’où ils viennent, mais aussi pour remémorer à tous les Juifs que Sépharades et Ashkénazes partagent depuis des millénaires un destin commun qui les lie éternellement. Nous espérons que la merveilleuse communauté juive de Montréal sera un partenaire important de ce projet. C’est pourquoi nous sommes à Montréal aujourd’hui. Le passé que ce nouveau musée évoquera nous aidera certainement à mieux paver la voie de l’avenir du peuple juif. Nous comptons sur votre généreux soutien pour pouvoir mener à terme ce beau, et essentiel, projet mémoriel.”
La première phase de la construction du Musée sépharade de Netanya devrait débuter à l’été 2018.
Site Web du futur Musée sépharade de Netanya: www.thesefaradmuseum.org