Quand Shimon Peres encensait le Québec

Feu Shimon Peres, à gauche, ancien premier ministre et président d’Israël, en compagnie de Bernard Landry, ancien premier ministre et ministre des Finances du Québec. HOWARD KAY PHOTO

Francophile et fervent admirateur de la France, de sa culture et de sa langue, dans laquelle il s’exprimait fort bien, l’ancien président et premier ministre d’Israël et prix Nobel de la paix, Shimon Peres, décédé le 27 septembre à l’âge de 93 ans, encensait aussi le Québec, et son économie, chaque fois qu’il effectuait une visite dans la Belle Province du Canada.

Cette figure légendaire de l’Histoire d’Israël estimait que l’économie du Québec est “fort bien outillée et positionnée” pour relever les grands défis posés au XXIe siècle par la mondialisation des économies nationales.

“Au début des années 70, lors de ma première visite à Québec, une ville blanche et charmante, l’ancien Premier ministre québécois, feu René Lévesque, s’était plaint de la discrimination économique dont, d’après lui, le Québec était l’objet au sein de la confédération canadienne. Depuis, les choses ont beaucoup changé. Le Québec est devenu aujourd’hui un leader économique. Vous avez toujours quelques problèmes politiques. Mais au chapitre économique, le Québec a réalisé d’énormes progrès”, déclara Shimon Peres lors de l’allocution qu’il prononça à l’occasion d’un déjeuner offert en son honneur, à Montréal au printemps 2000, par son homologue québécois de l’époque, Bernard Landry, qui assumait alors les fonctions de vice-premier ministre et de ministre d’État à l’Économie et aux Finances du Québec -cf. l’édition du Canadian Jewish News du 18 mai 2000-.

Au cours de cette rencontre, Shimon Peres loua les atouts de l’économie québécoise et rendit un élogieux hommage à son grand argentier de l’époque, Bernard Landry.

“L’économie est la science de la tristesse. Or, vous êtes, M. Landry, le premier ministre des Finances que je rencontre qui n’est pas triste. Vous dirigez les destinées d’une économie regorgeant d’espoir et sans déficits”, déclara Shimon Peres.

L’ancien chef du Parti travailliste israélien remercia le gouvernement du Québec pour le vif intérêt qu’il portait alors à un ambitieux projet économique dont la réalisation lui tenait grandement à coeur: la création d’un parc industriel tripartite à la frontière d’Israël et de la Palestine.

Shimon Peres et Bernard Landry espéraient alors que des entreprises israéliennes, palestiniennes et québécoises opérant dans divers secteurs de pointe -télécommunications, biotechnologies, téléphonie, infrastructures…- allaient prendre part à ce projet industriel de taille.

“J’espère que ce grand projet économique, susceptible de contribuer à la consolidation de la paix entre les peuples israélien et palestinien, se concrétisera dans un proche avenir. Nous nous réjouissons que le gouvernement du Québec ait été receptif à notre proposition”, a dit Shimon Peres.

Bernard Landry souhaita chaleureusement la bienvenue à son hôte israélien et souligna l’“inlassable combat” que Shimon Peres menait pour la paix.

“Saluer Shimon Peres dans n’importe quel endroit du monde où il se trouve, c’est saluer d’abord un grand homme d’État. Cet infatigable ambassadeur de la paix n’est pas seulement un remarquable homme d’État israélien, mais aussi une personnalité politique d’envergure mondiale. Malgré les énormes difficultés qu’il doit constamment affronter, Shimon Peres cherche passionnément la paix avec une intelligence et un humanisme reconnus par tous”, déclara Bernard Landry.

Au cours de son passage éclair à Montréal, Shimon Peres rencontra aussi le ministre des Relations internationales et la ministre de la Francophonie du Québec de l’époque, Sylvain Simard et Louise Beaudoin.

Malheureusement, l’Histoire funeste du conflit israélo-palestinien en décida autrement. Quelques mois après cette visite de Shimon Peres au Québec, en octobre 2000, la seconde Intifada palestinienne éclata. Le projet d’édifier un parc industriel israélo-palestino-québécois à la frontière de Gaza ne vit jamais le jour…