La magnifique aventure musicale d’Alexandre Da Costa

Alexandre Da Costa

Virtuose du violon, Alexandre Da Costa est un musicien de renommée internationale. Il est actuellement le directeur artistique et le chef attitré de l’Orchestre symphonique de Longueuil.

Son nouvel album, STRADIVARIUS BaROCK, produit et distribué sous l’étiquette des Productions Martin Leclerc, est un bijou de créativité. Un voyage musical envoûtant au cours duquel cet artiste très doué mixe avec brio les œuvres classiques d’éminents compositeurs avec les styles musicaux les plus en vogue de notre époque. Un sacré tour de force!

Alexandre Da Costa se produira le mardi 12 novembre au Théâtre Plaza, à l’occasion du Festival sefarad de Montréal 2019 — www.festivalsefarad.ca —. Un spectacle éblouissant qui défiera les normes traditionnelles de la musique classique.

Conversation à bâtons rompus avec un rocker du violon qui ne cesse de nous épater.

Vous avez derrière vous un parcours musical fort impressionnant.

Je suis né à Montréal, il y a 39 ans, d’un père Jamaïcain et d’une mère mi-Jamaïcaine, mi-Québécoise. J’ai commencé à jouer du violon à l’âge de 5 ans. Je suis détenteur d’un baccalauréat spécialisé en interprétation piano et d’une maîtrise en violon, que j’ai obtenue à l’âge de 18 ans. Je suis un violoniste soliste de formation. J’ai joué comme soliste invité avec plus de 100 orchestres réputés: les orchestres symphoniques de Vienne, Berlin, Londres, Dresde, Hambourg, Prague, Madrid, Buenos Aires, Montréal, Toronto… J’ai donné près de 2 000 concerts et récitals en tant que soliste ou chef d’orchestre en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Australie. J’ai joué dans les plus grandes salles de concert du monde: le Musikverein de Vienne, la Philharmonie de Berlin, le Carnegie Hall de New York, le Poly-Theater de Beijing… En 1998, j’ai obtenu le premier prix au concours du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec. En 2012, j’ai remporté le prix JUNO de l’album classique de l’année pour mon enregistrement des concertos du compositeur américain Michael Daugherty, avec l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Pedro Halffter. J’ai enregistré 26 CD solos sous les étiquettes Sony Classical, Warner Classics, JVC/Victor (Japon), Naxos, Acacia Classics/Universal, XXI-21, ATMA et Octave/Universal, dont le premier enregistrement mondial des concertos pour violon et orchestre des compositeurs portugais Luis de Freitas Branco et Armando José Fernandes…

Présentez-nous votre nouvel album, STRADIVARIUS BaROCK.

Cet album est pour moi une nouvelle expérience musicale. C’est un projet avant-gardiste qui jumelle la musique classique et la musique moderne. Après avoir évolué pendant de nombreuses années dans l’univers de la musique classique, j’ai eu le goût d’explorer des horizons musicaux inusités. Le but de cet album, et de mon nouveau spectacle, est de pouvoir aller plus loin dans ma quête de créativité et de proposer au public une manière d’apprivoiser la musique classique dans un contexte moins rigide. J’ai un très grand respect pour les grands compositeurs qui ont consacré entièrement leur vie à l’art avec un grand A. Je me suis toujours demandé ce que Vivaldi, Bach, Mozart ou Beethoven auraient composé comme œuvres s’ils avaient vécu aujourd’hui. J’ai donc décidé de mixer des créations de ces illustres génies avec les musiques pop, rock, swing, boogie… En lisant leurs biographies, j’ai appris que ces compositeurs ingénieux n’étaient pas des adeptes invétérés du conservatisme. Au contraire, ils étaient des personnages très influents qui prenaient beaucoup de risques dans leur vie. Je suis persuadé que si Bach, Vivaldi ou Mozart avaient entendu les airs musicaux en vogue aujourd’hui, ceux-ci leur auraient certainement plu. Qui sait, peut-être qu’eux-mêmes auraient pris cette tangente. Il est indéniable que ce type de chemin musical, artistique et créatif n’est pas du tout puriste. Au contraire, il y a un aspect très déjanté dans l’album STRADIVARIUS BaROCK. Nous prenons l’inspiration de grands maîtres et l’amenons sur le territoire musical d’aujourd’hui. C’est un grand défi.

Alexandre Da Costa

C’est Katia Dahan, directrice de la firme Concept Duo, spécialisée en communication événementielle, qui a fait découvrir vos créations musicales aux membres du comité organisateur du Festival sefarad de Montréal. Ils ont été fortement impressionnés. Est-ce la première fois que vous vous produisez devant la communauté sépharade de Montréal?

Oui. C’est mon premier contact direct avec votre communauté. Je suis très heureux de me produire cette année, avec les excellents musiciens du Taurey Butler Trio, dans le cadre du Festival sefarad de Montréal. Cependant, j’ai eu beaucoup de contacts avec les communautés sépharades et juives dans les pays où j’ai donné des concerts. J’ai enregistré des disques de musique juive qui ont marqué mon parcours. Mon nom a des racines portugaises. Mon grand-père maternel était Juif. Je me suis toujours considéré comme faisant partie de la communauté juive.

Êtes-vous familier avec la musique sépharade?

Absolument. J’ai vécu 14 ans en Espagne. La musique sépharade est très présente dans ma vie et dans mes créations musicales. Je crois être l’un des violonistes qui a pris le plus de temps pour s’inspirer, écouter et certainement jouer de la musique sépharade. J’ai déjà donné des concerts dont les mélodies étaient puisées dans le répertoire musical sépharade espagnol. J’aime beaucoup cette musique qui est le reflet de la riche histoire millénaire des Juifs sépharades.

Parlez-nous du spectacle que vous présenterez le 12 novembre prochain lors du Festival sefarad de Montréal?

Ce sera un spectacle grand public basé sur la musique classique mais qui conviera les spectateurs à sillonner divers univers musicaux plus contemporains : jazz, boogie, rock and roll… Le noyau de ce spectacle est bien sûr mon nouveau CD, STRADIVARIUS BaROCK. Mes musiciens et moi avons repris des œuvres et des airs très marquants de la période baroque et les avons mélangés avec de nombreux styles musicaux. Ce sont nos propres versions créatives. Je me suis aussi permis de revisiter les œuvres de quelques compositeurs de musique pop renommés, Leonard Cohen, Queen, Jimi Hendrix, Pink Floyd… que nous interprétons avec un style musical plus classique. Je suis accompagné sur scène par des musiciens très talentueux, les membres du Taurey Butler Trio. Nous débuterons le spectacle avec de la musique classique mise dans le contexte d’aujourd’hui et nous le conclurons avec de la musique pop, rock… insérée dans un contexte plus classique. Voilà qui fera une belle boucle. Il est important que les gens comprennent qu’il n’y a que deux sortes de musique: la bonne et la mauvaise. Celle que nous voulons partager avec le public est bien sûr la bonne. Nous passerons en revue une panoplie de styles musicaux et de sons qui feront plaisir au public.

Alexandre Da Costa

La relève dans le créneau de la musique classique vous tient-elle à cœur?

Tout à fait. Je veux absolument que le goût pour la musique classique soit transmis à la prochaine génération. J’ai un fils de 5 ans. Je souhaite ardemment qu’il s’intéresse à ce genre musical. C’est pourquoi je me dis qu’il faut impérativement faire évoluer le concept de la musique classique. Nous ne devons pas rester cantonnés dans une rigidité qui peut faire peur à la nouvelle génération, laquelle doit désormais composer avec les réseaux sociaux et des changements technologiques majeurs. Aujourd’hui, la notion d’”entertainment” est en constante mutation. Elle n’est plus une symphonie de 90 minutes, mais une vidéo de 30 secondes. Le monde musical a beaucoup évolué. Il est très différent de celui des années d’or de la musique classique. Nous devons faire un effort spécial pour arriver à intéresser un nouveau public, et particulièrement les jeunes, à ce genre musical. Ce grand effort n’exigera pas nécessairement un changement de contenu mais certainement un changement de contenant. Le spectacle comme celui que nous présenterons à l’occasion du Festival sefarad de Montréal nous mène très loin dans notre expérience de pousser la musique classique jusqu’à ses limites, et même de traverser la frontière pudique de celle-ci. Ce genre de spectacle est extrêmement important pour initier les jeunes à la musique classique. Leur donner le goût de celle-ci, c’est les encourager à aller à un concert pour qu’ils se divertissent et s’abreuvent de magie. Pour atteindre ce but, nous devons nous adresser à eux de la bonne manière.