La lutte contre le coronavirus au Centre médical Sheba de Ramat Gan

Des membres d’une équipe médicale du Centre Chai Sheba de Ramat Gan affectés aux soins dispensés aux malades atteints par le coronavirus. (Centre médical Chai Sheba photo)

Depuis quelques semaines, l’épidémie du coronavirus sévit férocement aussi en Israël.

Au moment d’écrire cet article, le 30 mars, le bilan était assez lourd : 4347 Israéliens infectés, dont 80 dans un état grave, et 14 décès.

Les équipes médicales du Centre médical Chaim Sheba, la plus importante institution hospitalière d’Israël, sis à Tel Hashomer, un quartier de la ville de Ramat Gan, près de Tel-Aviv, se préparent à affronter le pire des scénarios: l’atteinte du pic de contamination. Ils s’attendent à ce que des dizaines de milliers d’Israéliens, voire plus, finissent par être contaminés.

Fondé en 1948, le Centre médical Chaim Sheba compte 2000 lits, 159 cliniques et départements médicaux, 75 laboratoires et quelque 6000 professionnels travaillant à temps plein —médecins, infirmiers, chercheurs, préposés aux bénéficiaires…

Hôpital universitaire, affilié à l’École Sackler de médecine de l’Université de Tel-Aviv, le Centre médical Chaim Sheba est doté d’une structure organisationnelle unique qui lui permet de prodiguer parallèlement des soins de santé traditionnels et des soins de réhabilitation. Il dispense ses traitements médicaux en utilisant la haute technologie la plus avant-gardiste d’Israël.

Cette institution a été classée récemment 10ème parmi les 100 meilleurs hôpitaux du monde par le magazine américain Newsweek. Dans son palmarès, Newsweek a qualifié le Centre médical Chaim Sheba de “leader de la science médicale et de l’innovation biotechnique, tant au Moyen-Orient que dans le monde entier”.

Pour contrer la pandémie de la COVID-19, à l’instar des autres hôpitaux d’Israël, le Centre médical Chaim Sheba explore différentes options pour faire face à la propagation de cet effroyable virus: des unités d’isolement aux procédures de triage en passant par l’adoption de méthodes visant à protéger le personnel médical contre les infections.

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Le processus de triage à l’urgence a été complètement modifié. Les personnes ayant des symptômes du coronavirus qui se présentent à l’urgence sont sur-le-champ confinées dans un lieu à part, et donc immédiatement séparées des autres personnes présentant des symptômes d’autres maladies. Le but de cette séparation est de minimiser le risque que des personnes non infectées contractent le coronavirus à l’hôpital. 

Une unité spéciale, dotée d’une quarantaine de lits, à été spécialement aménagée en quelques jours dans un parking jouxtant l’hôpital pour administrer des soins intensifs à de nouveaux malades infectés par la COVID-19. 

Le Dr Arnon Afek, directeur général du Centre médical Chaim Sheba de Ramat Gan. (Centre médical Chaim Sheba photo)

Par ailleurs, le Centre médical Chaim Sheba a ouvert récemment une unité spécialisée dans le traitement de personnes nécessitant des soins psychiatriques atteintes par le coronavirus. C’est une première mondiale. L’objectif de cette nouvelle unité médicale est de rassembler dans un même hôpital les patients suivis dans un service de psychiatrie ayant été testés positifs à la COVID-19.

Quel est le plus grand défi auquel les hôpitaux d’Israël sont aujourd’hui confrontés?

Nous avons posé la question au Dr Arnon Afek, directeur général du Centre médical Chaim Sheba.

“Ces jours-ci, le système médical israélien fait face à de nombreux défis. Nous avons surmonté quelques-uns en recrutant du personnel qui œuvrait dans d’autres départements et qui désormais travaille étroitement avec des bénévoles. Mais nous ne pourrons pas continuer à fonctionner de cette manière indéfiniment. Avant que cette pandémie n’éclate, les principaux hôpitaux d’Israël, dont le Centre Chaim Sheba, souffraient déjà d’un manque de personnel. Cette situation a été accentuée par la mise en quarantaine de membres de notre personnel médical ayant été exposés au coronavirus. Nous avons modifié plusieurs de nos protocoles de fonctionnement afin de pouvoir opérer d’une manière plus efficiente durant cette période de crise. En plus, les médecins et les infirmiers et infirmières en première ligne dans la lutte contre le coronavirus travaillent d’arrache-pied dans des équipes tournantes toutes les 12 heures, qui ne sont jamais en contact les unes avec les autres. Notre but est d’assurer la santé de notre personnel qui continue à traiter des patients sur une base quotidienne”, nous a expliqué le Professeur Arnon Afek en entrevue.

Une unité du Centre médical Chaim Sheba traitant les personnes infectées par la CODIV-19. (Centre médical Chaim Sheba photo)

Si l’épidémie du coronavirus s’aggrave dans les prochaines semaines, les hôpitaux israéliens disposent-ils de suffisamment de lits, de respirateurs et de matériel médical nécessaires pour affronter ce scénario noir ?

“Pour l’instant, tout est sous contrôle. Les hôpitaux d’Israël ne sont pas confrontés à une pénurie de matériel médical de précaution. Mais si la situation devient plus compliquée, il pourrait y avoir une pénurie. Le ministre de la Santé, Yaakov Litzman, a pris les dispositions nécessaires pour fournir aux hôpitaux plus de matériel de protection, indispensable en ces jours de crise, notamment deux types de masque de haute qualité qui sont produits à Sdérot. Nous croyons que toute pénurie de matériel de précaution sera surmontée rapidement”, souligne le Professeur Arnon Afek.

En ces temps de coronavirus, le Centre médical Chaim Sheba n’exige pas à ses patients ou visiteurs de porter un masque protecteur. Voici la position officielle de cette institution hospitalière israélienne sur cette question controversée, source de confusion et de malentendus.

“Le port d’un masque n’est pas recommandé pour les personnes ne faisant pas partie du personnel médical de notre hôpital. Les personnes portant un masque ont tendance à le toucher souvent pour s’assurer que celui-ci est bien placé, geste qui augmente la possibilité d’être infecté par le coronavirus. Par ailleurs, les personnes arborant un masque pensent généralement qu’elles sont protégées contre la COVID-19. Elles sont donc enclines à être moins pointilleuses en ce qui a trait à l’application des autres mesures de prévention ayant prouvé leur efficacité, comme se laver les mains avec du savon régulièrement ou maintenir une distanciation sociale.”