“Les Israéliens n’ont pas d’autre choix que de se tenir debout face à ceux qui prônent la barbarie et la noirceur. Nous devons continuer à aimer la musique, à faire la fête et à célébrer la liberté.”
L’une des grandes stars de la chanson israélienne, Idan Raichel, est résolument convaincu que la musique est un “puissant antidote” contre le fanatisme qui sévit à notre époque nébuleuse et le “moyen le plus efficace” pour bâtir des ponts interculturels entre les peuples.
Né à Kfar Saba -localité de la banlieue de Tel-Aviv- en 1977, au sein d’une famille sabra de souche ashkénaze -son père et sa mère sont nés aussi en Israël-, Idan Raichel a reçu une éducation musicale classique dès son plus jeune âge. Il a été initié à l’accordéon dès l’âge de 5 ans.
Cet ardent ambassadeur de la musique israélienne vient d’entamer une tournée mondiale. Il se produira avec ses musiciens dans une trentaine de grandes capitales, en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique latine et en Asie.
Ce brillant compositeur, musicien et chanteur vient de lancer son premier Album solo, Ha’yad Hachama –At the Edge of the Beginning-, produit et diffusé mondialement par le label Cumbancha.
Cet Album est un grand bijou musical. Un pur régal pour l’oreille… et l’esprit.
Fusion très réussie de folk israélien, de musique jazz, de musique électronique et de musiques traditionnelles africaines, Ha’yad Hachama est un magistral tour de force musical.
Ces genres musicaux hétéroclites sont mis en valeur par une superbe orchestration et une composition lyrique faisant trôner la beauté inouïe de la langue hébraïque -toutes les paroles des chansons de cet Album ont été écrites par Idan Raichel.
“Pour mon premier Album solo, j’ai eu envie de partager avec mon public ma voix intérieure. C’est certainement mon œuvre musicale la plus personnelle. J’étaye musicalement mes sentiments intimes à propos de ma famille, de mes deux magnifiques filles, de ma femme… J’ai composé cet Album dans le sous-sol de la maison de mes parents, dans le petit studio où j’ai commencé à jouer de la musique quand j’étais enfant et où j’ai concocté mes premières chansons. C’est dans ce basement que je suis tombé follement amoureux de la musique. Je tenais à rendre hommage dans cet Album à mes premières racines identitaires”, explique Idan Raichel en entrevue.
En 2003, Idan Raichel a initié un Projet musical révolutionnaire, l’Idan Raichel Project, qui s’est fixé comme objectif d’affaisser les barrières culturelles séparant les peuples en regroupant quelque 150 musiciens et chanteurs -le plus jeune a 16 ans et le plus âgé a 91 ans- de diverses nationalités provenant d’horizons ethniques très différents.
Rapidement, l’Idan Raichel Project est devenu un phénomène musical mondial attirant de grandes foules.
Les musiciens et les chanteurs associés à ce remarquable Projet artistique se sont produits sur les scènes musicales les plus prestigieuses du monde: au Central Park Summer Stage, à l’Appolo Stage, au Town Hall et au Radio City Music Hall de New York; au Theater Kodak de Los Angeles; à l’Opera House de Sydney, en Australie; au Zénith de Paris; à l’Albert Hall de Londres; dans des Festivals de musique internationaux renommés…
L’Idan Raichel Project, qui a présenté des spectacles musicaux en Europe, en Amérique du Sud et Centrale, à Hong Kong, à Singapour, en Inde, en Éthiopie, en Afrique du Sud, au Ghana, au Japon… est devenu le “symbole de la puissance interculturelle de la musique”.
Ces treize dernières années, Idan Raichel s’est produit sur scène avec de grandes vedettes internationales de la chanson: les Américains India Arie, Dave Matthews et Alicia Keys; l’Italienne Ornella Vanoni; la Portugaise Ana Moura; l’Allemand Andreas Scholl; le Français Patrick Bruel; le Malien Vieux Farka Touré…
Idan Raichel a chanté plusieurs fois devant le Président américain Barack Obama et sa famille.
En 2010, il s’est produit avec la chanteuse Noire américaine India Arie lors d’un grand gala musical organisé par l’Académie du Prix Nobel, à Oslo.
En 2014, Idan Raichel a partagé la scène avec le chanteur palestinien Ali Amir au Festival musical “Global Citizen” organisé à Central Park, à New York.
En 2015, il a chanté, à l’Opéra Garnier de Paris, aux côtés de Patrick Bruel et du chanteur marocain musulman Younés un émouvant hymne à la paix interprété en français, en hébreu et en arabe.
Est-ce utopique de croire que la musique peut aussi bâtir des ponts pour rapprocher les Israéliens et les Arabes ?
“Non, ce n’est pas du tout une utopie, répond Idan Raichel. Je crois dur comme fer aux vertus pacifistes et interculturelles de la musique. La collaboration entre des musiciens et des chanteurs israéliens et arabes contribuera certes à ouvrir les cœurs des jeunes Israéliens et de leurs voisins Arabes. Il est important que les Libanais, les Syriens, les Jordaniens, les Irakiens, les Iraniens… écoutent la musique israélienne et que les Israéliens connaissent aussi les grands tubes des meilleurs chanteurs palestiniens. Aujourd’hui, grâce à Internet et aux nouvelles technologies, ce n’est plus un vœu pieux.”
Idan Raichel a bon espoir que les Israéliens et les Palestiniens parviendront un jour pas très lointain à vivre en paix.
“Je ne suis pas naïf. Je suis conscient que les difficultés et les défis auxquels les Israéliens et les Palestiniens sont confrontés aujourd’hui sont énormes. Cependant, je crois que l’espoir est la dernière chose qui mourra dans notre monde. Nous ne devons pas désespérer. Dans ce Moyen-Orient complètement fou et en pleine implosion, l’espoir et la paix n’émaneront pas des politiciens actuellement au pouvoir, qui sont complètement tétanisés, mais d’une nouvelle génération d’Israéliens et d’Arabes qui défendra une vision plus audacieuse de la paix.”
En tant qu’artiste sillonnant les quatre coins du monde, Idan Raichel subit-il les affres des virulentes campagnes de BDS -Boycott, Désinvestissements, Sanctions- menées contre Israël?
“Malheureusement, aujourd’hui, les artistes israéliens sont obligés de composer avec ce phénomène délétère qu’est le BDS. Les promoteurs de ces campagnes de boycott anti-Israël veulent museler la voix des chanteurs israéliens. C’est déplorable. Les terroristes djihadistes qui ont massacré une centaine de Parisiens innocents au Bataclan voulaient aussi museler la voix des chanteurs qui ont performé ce soir-là dans cette salle de musique mythique. Ces meurtriers n’ont pas compris qu’on ne pourra jamais taire la voix d’un chanteur ou d’un artiste.”